Vois.
Vois comme il vole, lui le colosse au torse glabre. La terre n'a pas d'emprise sur lui, et pour cause, il en vient. Il est une montagne, imaginée par les Dieux, et façonnée par les hommes. Pensé par Crom, Dieu sinistre et inflexible, il s'est élevé en un village paisible, bercé par les contes d'un père aux allures de guide lui enseignant la force de l'acier, de l'épée. Plus qu'une arme, un compagnon indéfectible.


Forcé de poser genou à terre devant deux serpents de jais encadrant un soleil mort, devenu esclave des bourreaux impitoyables de ses parents, il a grandi par la rage. Poussant sans relâche une roue absurdement ronde, peinant dans la chaleur du sable du désert, il est devenu un surhomme. Une machine à combattre, un gladiateur invincible.


Gagnant sa liberté dans une fosse funeste à la force de sa haine, il a parcouru les plaines et ses souterrains, croisé Crom et des loups, des sorcières et des marchands, avant de se lier à un simple voleur adorateur du vent. Ensemble, ils ont dévalé les longues étendues désertiques, éclairés par un soleil pâle, pour renouer avec la civilisation. Une civilisation altérée, gangrénée par une secte adoratrice de serpents, lavant le cerveau de ses adeptes.
Là, sous la terre, à une profondeur où les hommes ne vont que pour mourir, Conan a rencontré sa déesse, une valkyrie aux cheveux éclairant le soleil, alors qu'il exécutait un serpent colossal.


Et le voilà parti, parti défier un culte, un serpent, la crucifixion, la mort, puis y retourner. Le voilà lancé vers un défi inhumain, celui de terrasser une montagne à la seule force de ses mains, celui d'anéantir son créateur, père de ce qu'il est devenu mais pas de son corps.
Condamné par la seule force de l'acier, il a découvert le pouvoir de la chair. A sa puissance physique herculéenne, Conan a ajouté une âme, un esprit fondé par ses compagnons, ses erreurs, ses aventures. Il a grandi. Il a aimé.
Et d'une épée brisée, il a fait une arme fatale. C'est le héros qui fait l'épée et non l'inverse, l'esprit humain a dépassé la force. Le secret de l'acier n'est pas entre ses mains.


Conan vole. Libéré de ses chaînes, d'une partie de ses démons, il flotte sur cette terre, il plane sur ce pays, sur son pays. Il s'élance dans les plaines et plus rien ne le retiendra.
Ce n'est pas un surhomme, ce n'est pas un Dieu, pas un barbare.
C'est un homme.

Créée

le 17 mai 2016

Critique lue 448 fois

22 j'aime

9 commentaires

Black_Key

Écrit par

Critique lue 448 fois

22
9

D'autres avis sur Conan le Barbare

Conan le Barbare
Gand-Alf
10

Days of high adventure.

Alors que je contemplais paisiblement mon vendredi toucher à sa fin en écoutant d'une oreille enamourée la splendide partition de Basil Poledouris, monument de lyrisme et de bellicisme à vous faire...

le 25 janv. 2014

109 j'aime

17

Du même critique

What a Wonderful World
Black_Key
9

Time for hope

Ce matin, j'ai pas envie de rigoler. Ce matin, j'ai une sacrée gueule de bois. Pas du genre qu'on fait passer en buvant je ne sais quelle mixture miracle, pas du genre qui attaque le foie en même...

le 14 nov. 2015

132 j'aime

10

Il était une fois en Amérique
Black_Key
10

Brumes et Pluies

Le temps passe. Facilement, il se confond et perd sa structure. Les souvenirs, regrets et joies se mélangent et forment un dédale infini. Les époques se recoupent, se font écho. Elles s'entrelacent...

le 17 déc. 2015

87 j'aime

23