Lovecraft. Nic Cage en éleveur d'Alpagas & ambassadeur du cassoulet. Un géologue en guise de héros. Des pétages de plombs dignes de Volte/Face.


Si avec ça vous n'êtes pas teasé sur ce film !


Il est assez difficile pour l'amateur Lovecraftien que je suis d'avoir quelconque once de discernement ou d'impartialité sur ce film.


D'une part parce que les longs métrages,réussis qui plus ait, sur les écrits d'Howard Phillips "un peu raciste sur les bords mais sympa" Lovecraft se comptent sur les doigts d'une tentacule (La malédiction d'Arkham, Re-animator,From Beyond,L'Antre de la Folie...) , d'autre part parce pour tout amateur du genre, Les Montagnes Hallucinées de Guillermo Del Toro, ça commence à devenir aussi précis qu'un chuchotement dans l'angle d'un mur.


Richard Stanley prend le parti de moderniser le récit d'origine à une époque contemporaine.
Nous sommes toujours à Arkham, au milieu d'une forêt avec une famille habitant une maison très isolée de la civilisation. (Le film s'ouvre d'ailleurs sur les premières phrases du récit en ayant le parti pris de raconter chronologiquement les faits là ou Lovecraft nous les racontait à posteriori.)


Si je suis totalement honnête, le film a des lacunes indéniables.


L'acting d'une partie du casting.
Il va vous falloir encaisser une demi heure d'exposition creuse entrecoupée de passage intéressants


sur la météorite.


Theresa Gardner la mère aussi expressive qu'une carotte et Lavinia Gardner un poil cliché


dans sa phase d'ado rebelle gothique,sorcière blanche tendance Chaotic Good Sabrina Spellman.


Ou le seul "voisin" de la famille, ici représenté en vieux baba cool fumeur de cannabis. Complètement cliché et perché dans la première partie de son arc, heureusement intéressant dès lors que la situation empire, lui proposant un final digne du professeur ayant découvert le Necronomicon dans Evil Dead.


Difficile également, de ne pas mourir de rire devant les passages tant attendus : Les pétages de plombs légendairement surjoués de Nicolas Cage.


Ce bon Nic insultant sa voiture en rade de "cock sucker" en la cognant pendant une longue minute vaut à lui seul le coup d’œil !


Néanmoins le métrage respire la déférence


Le cratère, la découverte et analyse de l'objet céleste.
L'agressivité, la folie progressive des membres de la famille.
Les voix dans le puits.
Les récoltes contaminées.
Les animaux dans la ferme, la fuite et disparition d'autres.
La lueur quasi imperceptible dans tout ce qui est aux alentours de la météorite.
Les mutations (bien réalisées avec de bons effets prosthétiques et animatroniques) ,le sacrifice d'un père et mari,les discours incompréhensibles de personnes "envoûtés/devenus fous" face à cet événement occulte.
Le temps, l'espace, les émanations laissant entrevoir l'outre monde.
Le lieu après les événements.


et une belle patte artistique.


Dans la deuxième moitié du film le métrage se lance pour ne jamais s'arrêter,


retranscrivant le flot qui conduira tout ce qui s'y trouve dans la folie.


Un soin tout particulier est apporté aux effets visuels


du météore


, ayant la tâche ultra casse gueule de retranscrire l'indicible, par une couleur qui n'a pas de couleur.
Ce rose violacé changeant va s'infiltrer au gré de plans hauts en couleur, contrastant avec le noir d'éléments


(une paire de lunettes,la brume,un écran de télé,la nuit elle-même)


pour envoûter, entêter le spectateur


jusqu'à un maelstrom se déployant sur toute l'image dans les 10 dernières minutes.


Le son participe à l'ambiance; tel un membre de la famille Gardner, nous voici pétrifié, fasciné par ce flot visuel allié à un mixage strident, lourd, captivant; retranscrivant à merveille cet événement censé échapper à toute compréhension humaine.


Du coup, difficile pour moi de ne pas être enjoué et agréablement surpris par ce métrage qui peut être comparé à un The Void ou d'un From Beyond et n'a pas à rougir d'être (pour l'instant, Guillermo à toi de jouer!) classé dans les adaptations honorables et réussies du monde d'Arkham & de ses Grands Anciens.


A l'heure ou j'écris ces lignes, j'apprend que Richard Stanley veut adapter d'autres récits et développer l'univers sur grand écran. Ayant le feu vert de sa prod', la prochaine sera Dunwitch Horror. On peut d'ailleurs voir de nombreux clins d'oeil aux oeuvres qu'il voudrait adapter à travers quelques easter eggs.


Un reportage tv parlant de faits à Dunwitch, le Necronomicon en livre de poche...


7/10


"Iä iä facking Cthulhu A! B! C! D! E! Fhtagn! G! Uh? You goddamn facker!" Nicolas Cage, votre voisin limite nervous breakdown.

Vilou
7
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le 24 janv. 2020

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Vilou

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