Si Pawel Pawlikowski est à mon humble avis un cinéaste éminemment surcoté, érigé chouchou des académies et des festivaliers – Ida, oscar du meilleur film étranger ; Cold war, prix de la mise en scène à Cannes – il faut lui reconnaître une force plastique, un diabolique sens du cadre et une fascination pour ses actrices. C’est déjà volontiers ce que je garde de My summer of love, les sensualités vénéneuses de Natalie Press & Emily Blunt. Mais aussi d’Ida : la mystérieuse Agata Trzebuchowska. C’est Joanna Kulig qui sera l’âme de ce dernier film. Beautés froides, c’est vrai, mais qui brillent dans ce concert minimaliste, irradient ce noir et blanc si intact : Ainsi, Cold war reprend la plasticité et le format 4/3 d’Ida. Moins de cadrages outranciers avec personnages squattant bords et coin du cadre, comme s’ils étaient sur le point d’être avalés par le néant du hors champ – Tant mieux, ça m’avait terriblement gêné dans le précédent film – mais que les admirateurs de ce formalisme éclatant se rassurent : Cold war agit moins dans les coins que dans le plein champ. En découle un extra-formalisme plat ou le personnage fait présence forcée dans le champ façon « éléphant dans un magasin de porcelaine » qui réduit la portée hypnotique et circulaire du récit. Le film s’intéresse à cet amour impossible façon « Nous ne vieillirons pas ensemble » à la sauce polonaise, et en pleine guerre froide et reproduit ces mini-saynètes très fabriquées ad nauseam, au sein d’une temporalité et d’une géographie très identifiée : Ici Paris 1952, là Varsovie 1955 etc. C’est bien fait, c’est parfois beau, mais c’est aussi souvent soporifique, la faute à ses deux personnages inintéressants qui ne dégagent absolument rien. Si on veut les voir ensemble une bonne fois pour toute, c’est uniquement pour que cesse cette jolie – et heureusement plutôt courte – mascarade guindée.

JanosValuska
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le 6 sept. 2019

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