Cocoon
6.3
Cocoon

Film de Ron Howard (1985)

Commençons (et finissons-en) avec la dernière demi-heure du film - interminable, bien lourdingue, sirupeuse,avec l'omniprésence d'un enfant difficilement supportable et qui jusque là n'avait fait que deux ou trois apparitions très discrètes. C'est d'ailleurs l'enfant qui porte, et très lourdement, la morale la plus conventionnelle d'un récit jusqu'alors très fin - je ne peux pas partir avec vous (évidemment c'est une fable ...) mais j'ai bien compris votre message etc. C'est cette fin qui finit par plomber le film et provoquer le blocage des spectateurs et des critiques.

Cela dit, Cocoon est un bon film.

Le thème est pour le moins original - "des vieux requinqués par des extra-terrestres" (Socrate, sur Senscritique) :
http://www.senscritique.com/film/Cocoon/critique/5888243

Les clins d'oeil, sans la moindre prétention, à l 'histoire récente du cinéma abondent dans le film. Cela commence (un peu) comme Titanic et cela s'achève (un peu plus) comme Rencontres du troisième type (ou comme Vol 747 pour Sydney, mais là on sort du sujet), cela lorgne (un peu plus encore) vers E.T. Des replicants (très paisibles) s'activent autour d'oeufs d'aliens enfermés dans des cocons (bien peu redoutables) et ils enlèvent à leurs heures leurs défroques humaines (mais nul besoin de men in black pour traquer ces extraterrestres-là). Et cela va jusqu'à la citation parodique - "Que la force soit avec toi..."

En réalité Cocoon n'est pas un film de S.F., même si les effets spéciaux sont assez réussis.C'est un conte, une allégorie. Et s'il faut lui chercher une parenté cinématographique, évidemment très modeste, c'est peut-être du côté de Vol au-dessus d'un nid de coucous qu'il faut se pencher. Un espace confiné, une sorte de prison aux lisières de la ville, un hospice assez basique en fait; avec employés zélés (certes plus bêtes que méchants), à l'usage non plus des fous mais des des vieux, et par la grâce de Brian Dennehy et de sa cohorte de replicants, la volonté de sortir, de vivre à fond, dans de belles échappées vers la ville, vers le monde, vers les femmes - dont le numéro de hip-hop effectué par Don Ameche constitue la plus belle démonstration.

Il n'y a pas de mièvrerie (la fin exceptée) dans le récit : la fontaine de jouvence (la piscine aux cocons) est un symbole -et l'énergie récupérée par les anciens ne peut s'exercer qu'aux dépens des cocons immergés qui devront à la fin retrouver leur sépulture marine.
Et le regain d'énergie vitale, le retour de la sève ne peut être l'apanage que de ceux qui ont été les chercher. Les trois vieux enfants qui font le mur, entretiennent leur corps, passent leur temps à rire et à se jouer de l'autorité. Il y a trois Mac Murphy dans Cocoon. La sympathie, et le respect réciproque entre eux et les aliens coulent alors de source.

Pour son rôle dans Cocoon, Don Ameche a obtenu l'oscar du meilleur second rôle - qu'il méritait à l'évidence pour sa décontraction pleine de classe et de vie, pour l'humour diffusé aussi - à considérer ses costumes, on pourrait même se demander si l'extraterrestre ce n'est pas lui.... Il aurait aussi bien pu partager la récompense avec ses deux complices, Hume Cronyn et Wilford Brimley, également excellents, et même avec Brian Dennehy (rien que pour l'idée d'en avoir fait un replicant). Mais le symbole est beau : Don Ameche était un acteur réputé dans les années 30 et 40, dans le genre hidalgo, avec une ressemblance assez étonnante avec le Don Diego de la Vega de la série. Puis il était entré dans un long oubli - avant de renaître, un demi siècle plus tard, comme son personnage de Cocoon.

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le 23 oct. 2013

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pphf

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