Porcherie
Cochon qui s'en dédit est un objet limite du cinéma-vérité : en 40 minutes Jean-Louis Le Tacon nous plonge dans le quotidien infernal d'un éleveur, montrant le productivisme comme un système aliénant...
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Maxime Duchemin est jeune, il a une femme et un gosse, il a une bonne tête, très intéressant à suivre en tant que voix-off à l'accent patois, mêlé à cette intonation très "70s françaises" (cf. Michel Robin). Derrière ce ton campagnard se décèle un type intelligent, et quand on le voit à l'écran il lui arrive même d'être cool, clope au bec en train d'arracher les incisives des porcelets. Oui c'est mal, mais faudrait pas qu'ils détériorent le débit de boissons qu'est la truie, ça ferait moins de bacon pour le petit-déjeuner.
"Dis pas de mal des cochons, ils valent mieux que la plupart des gens." Léon
Maxime est donc plutôt cool, on l'envierait presque. Mais Maxime a un léger souci. Il traîne tellement avec des cochons que (comme tout le monde qui fréquente un animal) il finit par les voir comme des gens. Jusque là ça va, mais en partant de ce principe, Maxime arrache les dents des gens qui naissent ; coupe les couilles des gens enfants ; force les gens femelles à se faire troncher le plus souvent possible ; jette les gens morts dans un tas de gens morts... Et les gens qui survivront seront découpés pour qu'on les déguste. Il ne peut pas accorder un peu d'humanité à ces petites bêtes sans inévitablement devenir un infâme bourreau. Quelque part, il l'est, et ce malgré sa bonne façon de penser. Être un bourreau, mais pour quoi en échange ? Des dettes, un emploi du temps hyper-lourd que le syndicat estime être la moindre des choses, un peur bleue de la vérole, des kilos d'excréments (qui lui font dire "merde" 15 fois en 2 minutes chrono), des touche-pipi avec des cochons en saillie ?
Le documentaire m'aurait toutefois paru moins prenant sans le parallèle fait entre cette dure réalité et les rêves/cauchemars qui illustrent l'imagination de Maxime : le flash zoophile, les lancers de porcelets par-dessus la clôture, les séquences horribles (et vraies) sur fond de musique oppressante. Des vers qui dévorent un cadavre porcin, un chien qui joue avec une tête de cochon inanimée ... Des cauchemars bien réels, hélas.
"D'accord de produire des cochons, mais qu'ils produisent de la merde..." Maxime Duchemin.
Et oui merci, je sais qu'une tête de cochon coupée est forcément inanimée. Je me suis compris.
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Créée
le 16 juin 2015
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