Close
7.1
Close

Film de Lukas Dhont (2022)

Un drame filmé comme un fond d'écran

La sincérité d'une démarche excuse t'elle la vacuité du propos? Couronné du Grand Prix au Festival de Cannes, où on se rappellera du discours beau et poignant de son réalisateur, "Close" a poursuivi sa bonne lancée avec des critiques élogieuses après sa sortie en salle et même une nomination aux oscars dans la catégorie du meilleur film étranger.

Il faut dire qu'il est facile d'être touché par cette histoire d'amitié fusionnelle entre deux jeunes garçons, qui se heurte aux questionnements de leurs camarades sur la nature même de leur relation et se termine tragiquement.


Lukas Dhont filme ses jeunes acteurs aux plus près, caméra à l'épaule, dans un environnement baigné par le soleil estival et affiche une volonté de réalisme en évitant de trop écrire les dialogues, conférant à l'ensemble un aspect parfois quasi docu-fiction. Sauf que cette démarche affiche vite ses limites : "Close" donne l'impression de brasser du vide. Sa volonté de réalisme donne lieu à des scènes de dialogue plat et chiant et empêche l'émotion de vraiment émaner de la relation entre Rémi et Léo. La proximité des deux garçons est mignonne mais ne va pas au delà, on ne parvient que trop rarement à ressentir la relation fusionnelle entre les deux personnages.


En fait, "Close" se retrouve avec les tares habituelle propre à ce genre de démarche, qu'on a déjà pu voir dans le domaine de la série ado (je pense à la récente série suédoise "Strula"), on a souvent reproché au genre de ne pas être réaliste, en oubliant que ce qui fait le charme de la fiction, c'est justement ne pas être totalement conforme à la réalité (le tout étant de ne pas sombrer dans le n'importe quoi, hein Riverdale). Ici, on est dans le même cas de figure : "Close" reste une fiction, qui aborde des thématiques très terre à terre certes mais qui n'en reste pas moins une oeuvre de fiction. Et qui aurait gagné à écrire un peu plus son scénario pour vraiment marquer les esprits.

Oh, il y a bien quelques scènes qui atteignent leur but, notamment celle dans le bus, où on pressent la tragédie à venir ou le dîner quand le père endeuillé craque... Mais elles sont peu nombreuses et la plupart du temps, le parti pris de Dhont desserre le film : à trop vouloir jouer la carte du réalisme, du naturalisme, "Close" ne fait qu'effleurer son sujet, peine à donner corps à la peine de ses personnages, à la culpabilité...


Et ça vaut pour l'aspect dramatique et encore plus pour l'analyse sociologique qui est quasi... inexistante. Pourtant, "Close" a un sujet en or, explorer les mécanismes en place dans la société qui définissent les genres dans un rôle prédéfini. La virilité masculine, l'homosexualité, la peur de ne pas être dans la norme... Il y avait matière à dire, à analyser... Mais le réalisateur et scénariste passe totalement à côté de ça. "Close" ne raconte rien, se contente de filmer des champs de fleurs comme un fond d'écran Windows et laisse une impression de vide. Même la gestion du deuil par le gamin est survolée. En résulte une jolie histoire, mais totalement innofensive et superficielle.

DocteurBenway
4
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le 31 janv. 2023

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DocteurBenway

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