Close
7.1
Close

Film de Lukas Dhont (2022)

Il y a des œuvres qu’on regrette de ne pas avoir plus apprécié. Des univers dans lesquels on déplore de na pas avoir su davantage s’immerger. Des films qu’on s’en voudrait presque de n’avoir peut-être pas su appréhender et évaluer à leur juste valeur. Et « Close », le Grand Prix du jury (ex-aequo avec l’insignifiant « Des étoiles à midi » de Claire Denis) rentre pleinement dans cette catégorie particulière. On ne doute pas une seule seconde que cette haute distinction soit méritée mais on ne fait pas partie de ceux qui ont été déchiré et bouleversé par cette belle histoire. Juste ému et touché en catimini. L’histoire nous parle d’une amitié d’enfants très forte et intense qui subit les regards des autres puis, après un drame que l’on ne dévoilera pas, du manque de l’autre et du poids de la culpabilité. Dans les deux cas, c’est brillant, juste et très finement observé. Et tout cela à hauteur d’enfants uniquement, ce qui est d’ailleurs frustrant car on aurait aimé que les parents entrent dans la danse du scénario de manière plus prégnante de manière à exprimer plus que ce que le film nous offre à ce niveau.


Il doit y avoir une forte part d’autobiographie de la part de Lukas Dhont dans ce « Close ». Pas dans tout ce qui se joue sous nos yeux mais dans cette relation forte entre deux gamins. Leur amitié est dépeinte avec beaucoup de douceur et d’acuité, sans être trop démonstratif. Dhont semble filmer des instants volés, d’un naturel confondant, bien aidé par ses deux trouvailles d’acteurs en herbe que sont Eden Dambrine et Gustav De Waele. Tout est empreint de douceur et de délicatesse sans non plus verser dans la joliesse béate (la photographie, solaire et appliquée est de toute beauté). On peut dire que leur relation amicale transpire le vrai. La première partie est donc très belle et réussie. Ce qui va suivre l’est tout autant mais après l’instant pivot du long-métrage, tout devient plus répétitif et monotone. Dhont excelle dans les non-dits et les silences qui en disent long mais finit par en abuser un peu. Ce qui a pour effet de lasser petit à petit le spectateur tant les dialogues sont rares et que la récurrence de certains motifs (hockey, cueillette de fleurs, école, ...) devient lassante.


On a souvent lu sur ce film son excès de pathos et son côté tire-larmes proféré par une partie des festivaliers cannois tandis que l’autre trouvait le film trop dans la retenue. On fait clairement partie de cette seconde catégorie. On sent que le cinéaste flamand révélé par « Girl » a voulu éviter le trop-plein de scènes larmoyantes et de pathos en forme de chantage à l’émotion. Cependant, à trop garder celle-ci en surface sur la forme mais en alignant les séquences tragiques et lourdes de sens, il y a comme une contradiction que l’on ressent et qui nous empêche d’être émus comme on le voudrait. Alors oui les larmes coulent à une ou deux reprises mais le plus souvent on reste extérieur à la souffrance de Léo, alors que pas mal de scènes devraient nous fendre le cœur davantage vu l’ampleur du drame et de ce que l’on nous montre. On reste donc le plus souvent insensible et parfois la symbolique nous apparaît un peu lourde de sens (le plan final) même si elle est tout à fait de rigueur. « Close » reste donc un beau film, juste et touchant, en plus d’être superbement réalisé, mais dont l’émotion se heurte à sa volonté de pudeur et d’introspection.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 14 nov. 2022

Critique lue 11 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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