Close
7.1
Close

Film de Lukas Dhont (2022)

Quelque chose nous parvient dès les premières minutes de Close, c'est la beauté de ces deux gamins et des regards qu'ils se jettent. L'amour déborde agréablement sans être signifié, les plans soulignent cette pureté : beaux, colorés, même les nuits dans les chambres sont lumineuses. De sorte que l'on sait très vite à quoi s'attendre de leur histoire, elle s'abîmera. La scène de rentrée scolaire nous prédit également la cause : les autres.

J'apprécie que le film nous épargne un trop plein de scènes poncives d'harcèlements et d'homophobies que des jeunes ados peuvent (faire) subir à cet âge. Même si terribles et réelles, je tire souvent peu de choses de ces moments fonctions souvent mal écrits ou maladroits (à l'exception dans le beau Un monde de Laura Wandel, dont je remarque que l'affiche est la même).

Rupture attendue donc entre Léo et Rémi mais plus violente que prévue, le sujet principal devient le visage de Léo au point de ne plus faire de place pour autre chose d'autre et, à mon sens, de passer à côté d'instants précieux avec le monde des adultes et des enfants. Tous les autres personnages semblent presque bâclés. Certaines réactions, les parents notamment, sonnent faux face au deuil relationnel de Léo (scènes au petit déjeuner, ou sur le parking du restaurant).

Absence de la voix des professeurs ou des enfants et focus sur Léo court sous la pluie, Léo fait du hockey, Léo fait du vélo et Léo horticulteur. Toujours au travers de cette caméra qui persiste à montrer le beau et au final qui semble vouloir montrer le propre. L'école est toujours propre, les champs sont propres, les maisons sont propres jusqu'aux équipements de hockey (ça m'a marqué, il y a trop de hockey dans ce film) et aussi les pipis au lit. Les morceaux de violoncelle s'accumulent, les lents zoom sur le visage du héros aussi (également un tout petit peu sur Émilie Dequenne, à raison) et on se sent forcé de verser sa larme.

Or, au travers de ce filtre idyllique et des trajets répétitifs maison-vélo-école-hockey-maison, il y avait pour moi quelque chose d'intéressant : la déconcertante réaction de Léo suite à sa violente rupture. Intrigante mais personne le notifiant vraiment, le film n'en fera rien de plus qu'une (classique) phase de déni face au tragique et il finira sur un plan iconique de son personnage, ce qui nous fait également anticiper sa fin.

J'en retiens ces regards intenses de 13 ans et un casting adultes/enfants vraiment bon.

Et trop de hockey.

Furtainlefurtif
5
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le 13 nov. 2022

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