Close
7.1
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Film de Lukas Dhont (2022)

L’intimité entre deux garçons et ces difficultés 

Après une Caméra d’or très méritée, en 2018, Lukas Dhont, le jeune et talentueux réalisateur de GIRL revient cette année avec son nouveau film CLOSE, Grand Prix ex aequo du festival de Cannes 2022.


À l’orée de l’adolescence, au début des questions sur la sexualité, au moment des changement physiques quand les garçons ont de plus en plus de mal à évoquer l’intimité avec leurs copains masculins, nous partons à la rencontre de Léo et Rémi, 13 ans, amis depuis toujours.


« Vous êtes ensemble ? » 

cette remarque un peu anodine, sans agressivité ni réelle moquerie va, brutalement, tout changer. Léo, très mal à l’aise, prenant la décision terrible et définitive de s’éloigner de Rémi.


Depuis leurs amusements fougueux,leur rapprochement dans le lit, leur bagarre physique comme un terrible corps-à-corps, jusqu’au sentiment de responsabilité au cœur du film. Tout est extrêmement physique et corporel. Tout est mouvement et chorégraphie « Je me rends compte qu’il est toujours plus compliqué pour moi de m’exprimer avec des mots qu’avec des mouvements ».


Lukas Dhont a besoin de parler de sujets particulièrement intimes, qui l’ont souvent perturbé pendant son enfance ou son adolescence et c'est justement le cas, pour ce deuxième film « Il fallait que je trouve un nouveau thème dont je pouvais parler avec la même intensité et qui continuait d’une certaine manière ce que j’avais entamé avec GIRL ». 


Amitié, intimité, peur, masculinité...

C’est à partir de ces quatre mots et, en se remémorant ces amis, peut-être, perdus par sa faute que Lukas Dhont a construit son film « À l’époque de l’école primaire, dans le village où j’ai grandi, je me suis souvenu de ces moments douloureux où les amitiés que j’avais avec des garçons, commençaient à me faire peur et à quel point il m’était difficile d’être moi-même, sans filtre ».


Eden Dambrine, dans le rôle de Léo, omniprésent dans le film, est une grande révélation. Il forme un duo incroyable et très complice avec Gustav De Waele, dans le rôle  de son meilleur ami Rémi.  


« Tout s’est écrit autour de cette intimité rompue et du sentiment de responsabilité ou de culpabilité ».Les deux personnages de mères, écrits avec beaucoup de pudeur, sont interprétées avec force et émotion par Émilie Dequenne et Léa Drucker.


Souffrance et culpabilité

CLOSE, pour « close friendship », c’est un mot incontournable pour évoquer l’amitié très proche, la proximité, mais aussi l’idée d’être enfermé, cloisonné. Dans ce très bucolique, mais fragile décor d’une ferme florale aux couleurs qui changent au fil des saisons, la souffrance passe, mais la culpabilité reste tenace.

« Je voulais vraiment parler de ce poids éprouvé quand on se sent responsable et qu’on ne peut pas en parler ». 


Avec ce second long-métrage très intime, Lukas Dhont confronte la notion de masculinité au temps de la fin de l’innocence. Dans toute une première partie, un premier acte en quelque sorte, avec une superbe photographie, le film aborde une touchante vision de l’adolescence.Puis, tout à coup, Close tourne au drame et, avec un peu de moins de subtilité, s’engouffre dans un mélo qui cherche à émouvoir, à tout prix.


Toutefois les personnages restent toujours très justes et délicats et la scène finale est si intense et bouleversante qu'elle finit par sauver tout le film en nous emportant dans une immense et très belle émotion.

Foudart
7
Écrit par

Créée

le 25 oct. 2022

Critique lue 562 fois

9 j'aime

Foudart

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