Une critique intéressante ternie par une mise en scène vieillissante

Class 1984 est une découverte pour tous les cinéphiles, ce n’est certes pas une œuvre qui plaira à tous mais son contenu mérite pourtant le coup d’œil. Loin d’être une référence, il n’en demeure pas moins ainsi un film efficace et bien plus profond sous ses airs de simple thriller. D’ailleurs, l’introduction ne se cache pas et annonce tout de suite la couleur avec des premières lignes nous présentant le décor avec un lycée fictif qui vit sous la violence d’une bande de jeunes complètement barrés avec un leader plutôt charismatique joué par un Timothy Van Patten, alors jeune acteur, qui se fera connaitre plus tard dans la réalisation d’épisodes de séries cultes comme les Sopranos, Band of Brothers ou encore Game of Thrones. Il sort ici indéniablement du lot face à ses partenaires moins inspirés et plus caricaturaux dans leur prestation, il est vrai peu aidé par une écriture pas toujours au diapason. Ce lycée livré à lui-même voit l’arrivée d’un nouveau professeur, tout juste arrivé en ville avec sa femme enceinte, ce dernier sera assez vite désabusé par le quotidien de ces jeunes qui vivent dans une certaine violence devenue presque ordinaire. Tout comme le personnage principal, on est décontenancé par l’attitude du corps enseignant et des élèves qui ont décidé de lâcher prise se contentant de vivre avec cette violence omniprésente. Le film dénonce ici les dérives du milieu scolaire, un sujet peu traité à l’époque dans lequel on ne s’attend pas forcément à y voir les signes d’une brutalité qui va monter crescendo à mesure que ce jeune professeur va se livrer face à cette bande afin de lutter contre les tourments vécus par ce lycée. Plutôt précurseur pour son époque, il faut savoir que le film sort en 1982, celui-ci a malheureusement terriblement vieilli aujourd’hui. Car sous ce déluge de scènes ponctuées de violence et de harcèlement, il est difficile d’adhérer au propos ciblé par le film. Est mis en faute notamment un jeu à côté de la plaque de ses acteurs hormis pour les protagonistes principaux mais aussi une mise en scène loin d’être géniale de la part de Mark L. Lester. Il est d’ailleurs surprenant de retrouver ce metteur en scène derrière la caméra, lui qui s’est plutôt distingué dans le registre de l’action avec des films bourrins avec entre autres Commando avec Arnold Schwarzenegger (1986) ou encore Dans les griffes du dragon rouge avec Dolph Lundgren (1991). Sa filmographie est d’ailleurs loin d’être mémorable mais sa contribution derrière Class 1984 est indéniable. Car en plus de le réaliser, il s’occupe également du scénario sous une idée de Tom Holland, l’un des artisans du film d’horreur « made in » années 80, à qui l’on doit des films comme Vampire, vous avez dit vampire ? (1985) et Jeu d’enfant (1988). Si la critique est bien présente tout au long du film, elle est mal exploitée avec ses dialogues clichés qui ne permettent pas d’appuyer suffisamment la dénonciation en plus de la prestation peu convaincante de ses acteurs. De plus, au-delà des premières minutes, le film s’endort quelque peu comme pour mieux assurer sa conclusion dans une dernière partie qui atteint un summum de la violence. Cependant, il faut bien avouer que le cœur du film ne respire pas l’inventivité avec des scènes qui donnent le sentiment de tourner en rond. Elles ont tout de même le mérite de renforcer le duel grandissant entre la naïveté de ce jeune professeur qui est confronté à la férocité de cette bande qui va tourner progressivement à la désillusion pour notre protagoniste. On aurait souhaité également que le film aille plus loin dans sa critique nous expliquant plus en détail les origines du mal qui entoure ces jeunes en marge de la société au lieu de se contenter de prendre une position uniquement descriptive sans grand génie. Cela aurait tellement apporté dans la construction de ses personnages, c’est bien dommage. Le film connaitra son petit succès à sa sortie et on peut le comprendre par son sujet précurseur néanmoins sa suite sera plus oubliable, toujours signée par le même réalisateur. Class 1984 est le film d’une époque, s’il a pris un coup de vieux dans son ensemble, son propos vaut à lui tout seul qu'on y jette un œil.

tdurden44
5
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le 6 mai 2021

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