Le plus beau métier du monde - Édition 1984


Super-prof à la rescousse ?



Ayant vu Class of 1999 du même réalisateur avant celui-là, bien entendu que je vais comparer : je donne pour seuls défauts du film d'être un brin trop extrémiste par rapport à Le plus beau métier du monde avec Gérard Depardieu niveau dénonciation de la violence en milieu scolaire et proposition de solution (le prof incarné par Depardieu arrivait à gagner malgré lui contre les voyous sans être trop violent). Et aussi de ne pas donner ne serait-ce qu'un semblant d'explications quand au pourquoi de la délinquance par rapport à Class of 1999 (où on disait que même les parents d'élève étaient junkies et ne pouvaient pas être des modèles d'éducation pour les jeunes qui sombrent dans la violence et la drogue).


Or, dans Class 1984, la seule explication c'est que Stegman (le leader de la bande des ultras voyous) est ... pourri gâté par sa mère ! Ou éventuellement que le prof héros a refusé de le prendre au piano pour le concert du lycée. Mais sa réaction à ce "rejet" paraît dans tous les cas excessif d'autant que Stegman et sa bande font chier tout le monde du début à la fin. Pas d'explication claire, juste un constat que Stegman et Cie profitent de leurs statuts de mineurs pour foutre le bordel et faire autant de crimes et de caprices.


Et même Norris n'est pas aussi pédagogue que Monnier (Depardieu) dans Le plus beau métier du monde, et peut vite être remplaçable comparé aux cyberprofs de Class of 1999, l'accent n'est pas tellement mis sur son métier de prof mais plus sur celui de surveillant ou de justicier (mais j'ai vu un meilleur modèle dans le manga Imbéciles heureux où un enseignant japonais aidait un élève harcelé à faire face à un petit gang minable au nom des principes de respect et surtout pour éviter que son lycée devienne une "extra-territorialité" de voyous comme dans ce film). Même Onizuka de GTO serait plus approprié pour cette bande de brutes !



Face à la violence juvénile, l'auto-justice comme solution ?



Sur ce, on pourrait accuser le film de chercher à faire basculer le public à droite en mode "On va vous débarrasser de cette racaille" keupon. Mais ce serait oublier que Stegman et compagnie sont limite néo-nazis :


Ils font le salut nazi, portent la swastika et l'aigle teuton, et ils se disent être "les seuls négros autorisés à vendre de la drogue" dans le bahut en tabassant des dealers noirs concurrents.


Sans compter que le principal du lycée et la police font presque plus confiance à Stegman au prétexte que c'est un jeune qu'à un professeur qui ne demande qu'à faire son travail sans que lui et les élèves ne soient constamment dérangés par ces psychopathes.


Stegman agit comme un mafieux et va intimider voire tuer des témoins, se venger d'un prof de chimie en tuant ses animaux juste parce qu'il a protégé un élève, ou prostituer des filles et dealer de la coke. Rien n'est fait pour attirer la sympathie chez lui, pas même quand on s'aperçoit que c'est un virtuose du piano (c'est occulté par le fait que c'est un voyou et un menteur, mais on sent que si le héros l'avait accepté au concert, peut-être qu'il n'y aurait pas eu autant d'escalade de la violence et de la vengeance).


Mais au moins, le film respecte son concept jusqu'au bout et devient vite défouloir mérité :


Norris se venge contre ces délinquants qui ont violé sa femme et croyaient bénéficier de l'impunité jusqu'à la fin (ils se font découper les couilles à la scie circulaire, brûler vif, tabasser à coups de clé à molette, prendre dans un accident de voiture et enfin passé à tabac, jeter par la fenêtre et pendu).


Sûr, le tout semble promouvoir l'auto-justice voire l'ordre ultra-disciplinaire et violent. Seule la violence est proposée comme solution au problème de la délinquance juvénile. Mais dur de rester modéré face à un Stegman qui croit s'en tirer parce qu'il n'est "qu'un gosse" alors qu'il se conduit en même temps en adulte corrompu et refuse de se calmer ou de se repentir.



En bref ...



Certes, les jeunes voyous restent le problème jusqu'à la fin, mais c'est toujours plus crédible que Class of 1999 où la solution (les profs cyborgs surpuissants) devenait le problème à la place du problème initial (élèves armés et dangereux).


Pour le reste, même si le I am the Future de Alice Cooper est pas terrible, et s'il y a Richard Darbois qui double le gros délinquant, l'ensemble est très bien et dresse un constat de la violence et du laxisme en milieu scolaire. Mais il peut paraître encore trop démesuré quand il s'agit de proposer des solutions. On aimerait que Class 1984 reste un divertissement surtout sur la fin et non une réalité.

darevenin
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le 20 oct. 2020

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darevenin

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