L’enfance tue
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Donc j'écoute du Oldelaf, j'vais te mettre ça.
Ma foi, je dois te dire que je suis subjugué. Parce qu'un grand film, peu importe les années, te dit quelque chose sur toi, ton époque, son époque et la pensée de son réalisateur.
Et que Citizen Kane fait les trois, ce qui je pense en fait un grand film.
Premièrement, la réalisation. Impeccable, pour ne pas me noyer dans les superlatifs, est tout au service du propos et reste ma foi si puissante qu'elle est toujours un modèle.
Parce que la plongée dans la psyché de ce personnage mégalomaniaque et humain nous en dit beaucoup sur nous, tout humbles que nous sommes. Parce que chacun à notre manière tentons de compenser cette béance en nous, cet abysse que Kane tente vainement de combler par l'achat compulsif.
Parce que l'ouvrage lui même nous dit beaucoup d'Orson Welles, de ses craintes, de son audace visuelle et narrative.
Parce que Kane nous dit beaucoup de cet américain self-made-man comparable aux nababs et empereurs de jadis, ergo nous en disant beaucoup sur la société moderne et sa vénération pour le chef d'entreprise moderne qui sous couvert de son bien entend posséder le bon peuple.
Mais surtout, derrière le nabab, derrière le chef d'entreprise, le leader politique, il ne fait que dévoiler la faiblesse de l'homme.
Damn, je dois t'avouer que tout est beau là dedans, comme un destin scellé dès les premières minutes, décidé par sa mère, par le tuteur, comme une fatalité piégée dans l'inertie de ce palais immense, ce Xanadu comme tombeau de son humanité.
Bref, la vie de Charles se termine comme un retour en enfance, comme un espèce d'appel en arrière. Ce cri de l'adulte agonisant comprenant que l'essence de son être réside en son enfance, en cette luge à la con glissant insouciante.
Merde, je viens de mater ce truc, et je suis ému comme un gosse l'ayant maté en 41.
Ptète ça, du beau cinéma, une belle image, un beau texte, des répliques cultes. Des plans, des plans qui expriment visuellement tout ce qu'on ne saurait pas dire avec des mots. Puis cette fin absurde, trace de ce qu'on laisse derrière nous.
Tiens, j'vais ptètre mettre ça en critique.
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Créée
le 20 oct. 2017
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