Parfois il faut savoir tuer le père, même quand il s'appelle Rohmer...

Il aura fallu qu'Emmanuel Mouret s'émancipe de Rohmer, sans bien heureusement l'éclipser totalement, pour donner à son cinéma un nouveau souffle, une profondeur, cette forme de gravité sous la légèreté qu'il travaille depuis "Mademoiselle de Joncquières".

"Chronique d’une liaison passagère" a donc de premier abord l'apparence anodine de l'ensemble d'une grande partie de sa filmographie mais il la quitte progressivement, à l'image de sa mise en scène qui prend de l'ampleur au fur et à mesure que cette liaison évolue, nos sentiments suivant le rythme de ceux des personnages, se faisant plus complexes, et si l'on rit on sait que la boule dans la gorge pourrait bien arriver, car plus que le texte, toujours aussi important chez Mouret, il y a le sous-texte qui dit tant de choses, tant de regrets alors que le mot fin est encore loin d'apparaitre.

En parlant de boule dans la gorge, c'est la deuxième fois après "Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait" que le garçon me fait monter les larmes. Tout simplement parce qu'il maitrise dorénavant l'art de la chute, celle qui saisit, qui vous fait revisiter en quelques brèves minutes tout ce qui vient de se dérouler au cours des 95 précédentes.

Je voulais mettre en avant le réalisateur mais ce serait injuste de ne pas dire un mot des acteurs, Macaigne et Kiberlain étant ici comme des poissons dans l'eau, capables de passer du rire aux larmes en un changement d'axe de caméra, en une fraction de seconde. Comme le spectateur...

(J'aimerais beaucoup avoir Emmanuel Mouret comme ami car chez lui quand on prête un livre c'est du Gaston Miron.)

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le 25 sept. 2022

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takeshi29

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