Pourtant, j'ai toujours préféré le caramel au chocolat

Quand Charlie et la Chocolaterie est sorti, j'avais six ans, l'âge parfait pour le voir. J'avais déjà vu le premier film des années 70, film dont je ne garde que très peu de souvenirs, car je dois l'admettre, la version de Tim Burton m'a beaucoup plus marqué.


Peut-être parce que ça a marqué mon enfance mais voilà, quand on me dit Charlie et la Chocolaterie, je pense automatiquement à celui de Tim Burton.


J'ai par la suite lu les deux livres de Roal Dahl, mais bon, ça remonte quand même pas mal et comme pour le film original, je n'en garde que très peu de souvenirs.


Bref, tout ça pour dire que parmi toutes les œuvres qui tournent autours de cette histoire, et bien que j'adore les livres de Roal Dahl, j'ai toujours eu une préférence pour le film de Tim Burton.


Et en même temps, j'ai pas un avis si favorable que ça sur Tim Burton. En fait, j'ai un problème avec son style gothique et loufoque qui, soit me fait rêver (Edward Scissorhands, un de mes films préférés), soit me fatigue jusqu'à l'agacement le plus total (Miss Peregrine). En fait, c'est quand Tim Burton se laisse aller par sa loufoquerie que je trouve ses œuvres bancals, brouillonnes, bref, pas franchement bon (Alice In Wonderland pour citer un autre exemple).


Le soucis, c'est que Charlie et la Chocolaterie rentre parfaitement dans cette case, c'est un film où Burton s'est laissé allé par ses délires psychédéliques sans se soucier de quelconque cohérence. Il fait un film pour se faire plaisir, point. Et soit on rentre dans le délire, soit on rentre pas (comme ça a été mon cas avec Miss Peregrine).


Et visiblement, y a beaucoup de gens qui sont clairement pas entrés dans Charlie et la Chocolaterie et je comprend parfaitement ça. Et à vrai dire, si ce film n'éveillait pas en moi une certaine nostalgie (ayant pour conséquence de me rendre facilement émerveillé), je serai tout à fait capable de le démonter.


Parce que Charlie et la Chocolaterie n'est pas particulièrement bon. Quoique, c'est un peu compliqué à dire, parce qu'en soi, il suit parfaitement la trame du livre avec la découverte du ticket d'or, la disparition des gamins, l’ascenseur de verre. Une trame qui force le scénario à se répéter puisque pendant une quarantaine de minute, on voit des gamins faire des conneries, et être punis de divers façons. Bah ouais, mais du coup, comment on fait pour pas répéter le film ? Bah on tente de donner une identité visuelle au film.


Et franchement, là on peut pas dire que Burton va dans la demi-mesure. Bon, on retrouve tout les clichés de son style, à savoir la neige (il aime la neige), des costumes un peu extravagants et des coupes de cheveux complètement farfelues, mais à côté de ça, la visite de la chocolaterie est splendide. Le jardin est incroyablement beau, voyager à bord du bateau bonbon dans une fontaine de chocolat ou encore la salle des écureuils, chaque lieu est reconnaissable, superbement décoré avec plein d'idées de mise en scène. C'est je dirai la plus grande qualité du film, c'est cette imagination débordante de Burton pour imaginer des décors, des lieux, ou encore des maquillages (l'état des gamins en ressortant de l'usine est juste hilarante). Bref, ça envoie du lourd niveau visuel.


Puis, vient une qualité qui me touche tout particulièrement, c'est le personnage de Willy Wonka. Vous pouvez le traiter de pédophile, de mec chelou, de roi du malaise, pour moi, toute cette personnalité ambiguë du personnage est justifiée. Parce que Willy Wonka est un mec enfermé depuis des années avec des petits êtres pas très bavards dans une immense chocolaterie, un mec qui n'a jamais eu l'affection paternelle dont il avait besoin et qui ne connaît pas les règles de notre société. Il ne connaît pas les gosses, il ne sait pas comment ça réagit, il néglige la politesse car il n'a jamais connu ce mot, il coupe la parole pas parce qu'il c'est une raclure égocentrique, mais parce qu'il n'a aucune idée de comment se comporter auprès des gens. Alors oui, y a quelques maladresses dans son écriture, le coup de Willy Wonka qui arrive pas à prononcer le mot « parent » ou les flash-backs pas très bien placés, tout ça, c'est pas bon, mais je trouve que le personnage fonctionne. Son comportement est justifié, il est très bien écrit et surtout merveilleusement bien interprété par un Johnny Depp au top de sa forme.


Concernant les autres personnages, on ne peut définitivement pas vouloir donner des claques à Charlie, le gamin est un ange. Il gagne un putain de ticket d'or et préfère le vendre pour sa famille plutôt que de passer une journée de rêve, il préfère renoncer à la richesse et à une vie pleine de chocolat, plutôt que délaisser sa famille, il PARTAGE son chocolat alors qu'il a droit à une tablette par an tellement il est pauvre. Alors oui, des fois, son sourire est niais, mais bon sang, juste, c'est un gamin bien et ça permet le contraste avec les autres gosses qui sont des pourritures.


Ces gosses-là par contre, sont fait pour qu'on ait aucune sympathie pour eux. Ils sont là soit pour foutre le bordel, soit pour gagner le fameux prix de la journée, soit pour bouffer. Ce sont des enfants pourris gâtés, qui sont le parfait exemple de ce qu'il faut pas faire pour éduquer son gosse. Une enfant à qui on ne refuse rien, une fille qu'on encourage toujours à écraser l'autre pour gagner, un gamin à qui on a jamais dis de se laver les mains (putain, gros porc d'Augustus), ou encore ne pas savoir gérer son fils hyper violent et au final, le laisser faire. Et c'est un plaisir de les voir souffrir car c'est tout ce que ces gamins méritent et ils sont là pour ça !


Et du coup, j'en ressort content de Charlie et la Chocolaterie. J'ai fait une belle visite d'une usine loufoque, j'ai rencontré des Oompa-Loompa dont les chansons laissent à désirer mais qui sont quand même très drôles, j'ai vu un Johnny Depp génial, des gamins de merde se faire humilier, et la musique de Danny Elfman est quand même super cool. Bref, même si je reconnais des défauts indéniables à Charlie et la Chocolaterie, je prend toujours un malin plaisir à le regarder.

James-Betaman

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