Un seul long métrage suffit pour que Neill Blomkamp s’invitât en 2009 dans le cercle exclusif des “grands“ réalisateurs de science-fiction, avec robots, vaisseaux spatiaux et extraterrestres. District 9 (30 M de budget, 205 M de gains !) innovait dans un genre trop souvent rebattu : l'invasion d'aliens débarquant en nombre à Johannesburg. Sauf que désarmés et désarmants, ces malheureux boat-people s’avèrent incapables d’utiliser, voire de faire partager leur technologie. Blomkam signait, avec son épouse Terri Tatchell, ce remarquable scénario.
Elysium (100 M de recettes pour 275 M), en 2013, n’était qu’une énième dystopie. Une poignée de privilégiés égoïstes exploitent l'humanité, spectacle dépourvu du moindre intérêt.
Grande était l’impatience de ses admirateurs à l’annonce de la sortie de Chappie. Le pitch des tourments moraux du robot conscient a été traité cent fois par Asimov, Spielberg, Masamune Shirow et les cyberpunks. Blomkamp s’autorise deux fantaisies. 1 : Sa machine anthropomorphe se prend pour un bébé et nous assistons à ses premiers, rapides, premiers pas. 2 : Elle est élevée par des voyous gansta. D’accord, et après ? C’est court !
S’il faut reconnaître un talent à Blomkamp, c’est celui d’animer ses créatures. Il tire le meilleur de Sharlto Copley, filmé en motion-capture. Orignal, le robot de combat, est moins convaincant. Plus grave, il néglige ses deux stars Hugh Jackman et Sigourney Weaver.
Watkin Tudor Jones (dans le rôle de Ninja), le leader du groupe sud-africain de rap-rave Die Antwoord et sa compagne et chanteuse Yolandi Visser (Yolanda) jouent deux amusants parents ingrats. Amusants, certes, le mot est juste, car ce film hésite constamment entre un Robocop martial et vigoureux et une gentille parodie à la Disney.
Si je suis déçu, Blomkam ne parait pas avoir épuisé son crédit à Hollywood. Il était annoncé sur le prochain Alien 5 et à plus court terme sur The Gone World. Je n’émettrai qu’un souhait : qu’il se consacre à la réalisation et abandonne l’écriture aux écrivains.
Revu en 2019