" Certains aiment ce genre-là ! Quant à moi, je préfère la grande musique ! " , voilà ce que pourraient dire les fâcheux pour lesquels un film de 1959, en noir et blanc, rempli d'acteurs et d'actrices déjà morts, aux ressorts a priori faciles, ne peut être que mauvais.


Le pitch: deux jazzmen fauchés sont témoins malgré eux d'un règlement de compte entre mafieux. Afin de sauver leurs peaux, les voilà contraints de se faire passer pour deux musiciennes dans un orchestre féminin qui part se produire en Floride.
Ils rencontrent Alouette, une jeune chanteuse alcoolique, dont ils s'éprennent. Tandis que l'un joue les milliardaires pour la séduire, l'autre subit la séduction d'un milliardaire peu regardant.
Mais attention: les maffiosi n'ont pas dit leur dernier mot.


Rien qu'à ces lignes, on devine que le film n'est pas si banal et donne dans la folie pure !


Mais pas dans la farce grossière.
Par le rire, le film questionne l'une des thématiques de son réalisateur: l'homosexualité. Mais ce thème est mis à distance pour servir une réflexion sur la condition féminine.
Déguisés en femmes, les deux musiciens en viennent à penser des femmes que c'est "un sexe tout à fait différent". Les questions fusent dès le travestissement: "Comment font-elles pour? Comment font-elles pour? Comment font-elles pour?". Plus tard, l'un d'entre eux, qui s'est fait pincer les fesses par un milliardaire, s'en plaint. "Maintenant, tu sais ce qu'endurent les femmes !", lui rétorque son compagnon d'infortune qui vient de se faire draguer par un groom.
Petit à petit, on entre dans le monde des femmes dont la devise est "Bienvenue sur la terre sans hommes: vous le regretterez!". Le film s'achèvera sur un échange entre le musicien et son milliardaire enamouré: "- Mais voyons, je suis un homme ! / - personne n'est parfait !".


Jusqu'au bout, le rire fait réfléchir mais aussi se divertir.
Un divertissement servi par un Billy Wilder au meilleur de sa forme qui livre ici sa meilleure comédie et un casting haut en couleur qui réunit pour la première fois la vedette fétiche de Wilder, Jack Lemmon, et Tony Curtis, le Dany Wilde d'Amicalement vôtre, futur duo de choc de La Grande course autour du monde de Blake Edwards.
Ces trois fous furieux font équipe avec Marilyn Monroe (Sept ans de réflexion) qui donne ici de son mieux dans cette farandole de folie pure.


Car Certains l'aiment chaud cumule les scènes et les chansons cultes.
Tony Curtis joue trois rôles plus drôles les uns que les autres. Il incarne à lui seul la fine ironie de plusieurs scènes dont la plus excellente reste la scène du bain où les deux musiciens se lancent des répliques à double sens, celui courtois destiné à Alouette, celui querelleur qu'ils se destinent mutuellement.
Jack Lemmon, doublé par Roger Carel en VF, est hilarant. En femme, il dépasserait presque notre Zaza nationale et laisse derrière lui une folle scène fragmentée de danse, rose à la bouche, avec E. Brown où la "femme" mène plus que l'homme.
Marilyn Munroe est anthologique: c'est une de ses chansons les plus célèbres qui constitue le coeur du film, I wana be love by you et son célèbre "pompompidou".
Tout cela sur fond de prohibition, de gangsters, de mafia, de morgues servant de couvertures à des tripots de whisky et de jazz endiablé !


Un concentré de bonne humeur communicative dont on ressort avec un énorme sourire et peut-être un peu plus de foi en la nature humaine, quel que soit sont sexe.

Frenhofer
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le 3 mai 2016

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Frenhofer

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