Nouveau Classique que je n'avais jamais vu,je reviens d'abord sur le double sens du titre "Some like it hot" drôlement bien vu: il peut s'agir du jazz comme du sexe.Bravo Billy Wilder ! Le film devait s'appeler "Not tonight, Josephine" .Ce fameux double sens, tout le film repose dessus avec ce jeu des apparences, le vrai et le faux, qui permet de composer avec différents niveaux de lecture. Tout commence par un film de gangsters mais ça devient très vite une vraie comédie. Le court huis-clos nocturne au sein d'un train avec toutes ces filles qui débarquent dans la couchette de Jack Lemmon fonctionne à merveille.Puis, cette scène de danse endiablée avec toujours Jack Lemmon en femme et ce vieux milliardaire m'a beaucoup fait rire.La comédie et la romance s'aventure sur le même terrain. Très peu explorée à l'époque, cette homosexualité fait peur en 1959.Sur le thème délicat du travestissement et les multiples connotations sexuelles qui en découlent, il eut été facile de déraper vers la vulgarité.Le film a d'ailleurs été tourné en noir et blanc parce que Billy Wilder craignait que ses deux personnages masculins ne pâtissent de la couleur. Il avait certainement raison. Ils auraient paru ridicules en couleur.Le noir et blanc était choisi aussi pour rendre hommage aux films de gangsters qui ont précédé « Certains l’aiment chaud ». Il paraît que la question a fait l’objet d’un débat avec Marilyn, dont le contrat spécifiait qu’elle devait tourner en couleurs. La belle actrice y aurait gagné le droit de chanter trois chansons plutôt que deux:I'm Through with Love et surtout I Wanna Be Loved by You. A noter que la Floride évoquée dans le film est le Del Coronado Hotel de San Diego. On connaît la réplique qui clôt ce superbe film : " Personne n'est parfait". Pour montrer son désintérêt face à une révélation attendue par le spectateur, Billy Wilder a l'idée d'une réaction sobre:"Nobody's perfect" du vieux milliardaire après que Jack Lemmon ait avoué qu'il était un homme.Au cimetière de Los Angeles,sur la pierre tombale de Billy Wilder,on peut lire d'ailleurs : « I’M A WRITER BUT THEN NOBODY’S PERFECT ».Très audacieux pour l'époque,tout le film baigne dans une sensualité terrible avec Lemmon et les girls dans sa couchette. Tout est prétexte à rire avec Curtis, qui prétend être impuissant et qui est trahi par la buée de ses lunettes alors que Marilyn l'embrasse . Le film est une merveille de rythme, d'invention et de gaieté.Dans le climat morose de 1959, Billy Wilder a une superbe idée : tourner un film qui jouera à fond sur la nostalgie de l'époque du cinéma ,en 1929. J'adore quand le faux milliardaire joué par Tony Curtis invite Marilyn sur son yatch.Il y va d'abord en marche arrière avec sa navette car il n'arrive pas à activer la marche avant et il imite ,de façon assez drôle,le jeu stylé de Cary Grant.Dans la scène où Marilyn Monroe chante I Wanna be loved by you, elle est moulée dans une robe quasi transparente dessinée par celui qui sera le seul à remporter un Oscar du film. Cette année-là, la concurrence, avec le Ben-Hur de William Wyler sera trop forte : les cinq autres nominés de Certains l'aiment chaud n'auront rien.Marilyn, alors enceinte, était très pulpeuse et la robe devenait presque indécente. La situation ne s'arrange pas quand elle persuade Tony Curtis que l'enfant est de lui. Une fausse couche aura lieu.La femme en 1959 est d’abord destinée au plaisir avec la scène de dialogue avec la secrétaire du producteur.Puis,le personnage évolue et oublie d’enlever ses boucles d’oreille en quittant le costume de Joséphine . Billy Wilder suggère alors un instinct féminin.Tout est finement bien étudié face à la censure de l'époque. Qu’y avait-t-il au monde de plus excitant que de séduire Marylin Monroe ? Les scénaristes ont trouvé la réponse : être séduit par elle. En faisant de Sugar jouée par Marylin Monroe la meneuse de jeu, ils inversent les rôles et établissent ainsi un face à face original avec Tony Curtis incarnant ce vieux milliardaire. Marylin,jeune femme innocente , souffre de l’effet de sa beauté sur les hommes. Sugar ressemble étrangement à Marilyn elle-même. Les gags naturels s'accumulent.C'est ça aussi la force de Billy Wilder. Tony Curtis s’improvise héritier de la fortune Shell parce que le gamin qu’il a éjecté du fauteuil de plage était en train de jouer avec un seau de coquillages. Lorsque Tony Curtis emprunte la vedette pour monter sur un yacht qui ne lui appartient pas, il ne sait logiquement pas la conduire et doit naviguer en marche arrière. Le prochain film de Billy Wilder sera La Garçonnière en 1960.Encore un que je n'ai pas vu et on dit que c'est son chef d'oeuvre. Quelle promesse après un tel grand film!

pasteque68
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le 5 mai 2018

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