Camping par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Michel Saint-Josse est un homme riche, séduisant, divorcé et quelque peu snobinard qui possède un cabinet de chirurgie esthétique dans un immeuble cossu du seizième arrondissement. Arrive le mois d'août.
Débarrassé de sa dernière cliente, il part en compagnie de sa fille Vanessa à bord de sa rutilante Aston Martin passer quelques vacances sous le chaud soleil des plages de Marbella. Malheureusement pour les deux vacanciers le voyage s'arrête bien avant le sable fin de la luxueuse cité balnéaire espagnole. En effet, ils se retrouvent en panne de voiture sur la côte atlantique du côté d'Arcachon, non loin du camping-caravaning "les Flots bleus".
Par la force des choses, ils vont être obligés de faire leur apprentissage de campeurs et cohabiter avec des habitués de l'endroit et d'un milieu totalement différent du leur. Les péripéties et les aventures vont alors se multiplier et le séjour va s'avérer mouvementé pour les deux citoyens du seizième comme pour les autres vacanciers...


Comme tous les ans, chacun revient faire son pèlerinage au camping des "Flots bleus". Tous commentent leur voyage en ouvrant religieusement la première bouteille de Ricard en l'honneur des retrouvailles. Certains, chronomètre en main, sont heureux d'avoir mis moins de temps que l'année précédente pour venir, d'autres "chassent" déjà les jeunes campeuses. Il y en a même qui vivent un véritable drame à l'exemple de monsieur et madame Pic, attachés depuis des lustres à l'emplacement "numéro 17" et constatant avec horreur qu'ils se retrouvent sur le 18. Monsieur Chirac (pas le même), play-boy chômeur attitré du terrain et largué par sa femme, est bien arrivé tout comme la famille Gatineau, peu avare de scènes de ménage qui détruisent leur couple. Le "Shogun", la boîte du camping, est fin prêt avec ses spots pour accueillir les soirées animées et arrosées tandis que les animateurs sympas attendent d'ouvrir leur programme d'activités et de fiestas nocturnes.
C'est donc dans ce milieu un peu beauf et à la mode de "la danse des canards" que, bien malgré eux, vont faire irruption notre bourgeois bon chic bon genre et sa fille plus éprise de liberté que de luxe. De plus, pour ces naufragés, il est bien difficile de camper sans matériel. C'est donc monsieur Chirac qui se charge de l'hébergement sous la toile avec repas servis dans des assiettes en plastique.
La différence est frappante entre ces deux mondes avec d'un côté les beaufs plutôt conviviaux, solidaires et s'amusant de pas grand chose, de l'autre l'habitué des lieux sélects, évitant de se mêler à ce petit monde égrillard pourtant bien attachant.


En allant voir ce film de Fabien Onteniente, ne vous attendez pas à assister à une satire sociale. Cette comédie a été accusée d'être d'un humour lourd et gras. Et pourtant, cette comédie sympathique au possible n'est pas plus beauf que ceux de la série des "Bronzés" . Le réalisateur se contente de décrire la vie d'un terrain de camping fréquenté par des habitués qui ont leurs habitudes et leurs repères. Et c'est vrai l'apéro, la pétanque, les soirées dansantes avec ses jeux lourdingues mais distrayants, les engueulades et même les problèmes de sanitaires ça existe et heureusement!

Ce milieu où la rigolade l'emporte sur la philosophie choque notre bourgeois qui, par son snobisme, ne se sent pas à l'aise dans un monde trop simple et trop vulgaire pour lui... le pauvre.
Pour nous décrire ce mois d'août assez insolite aux "Flots bleus", une pléiade d'excellents acteurs semble être venue réellement s'amuser. Que ce soit Gérard Lanvin, le docteur et sa fille Armonie Sanders, le playboy cocufié, Franck Dubosc le couple Gatineau désuni interprété par Mathilde Seigner et Antoine Duléry, toute cette belle brochette de gais lurons rappelle dans un certain sens les héros du "Splendid".
J'aimerais également décerner une mention spéciale au plus beauf des beaufs, l'astucieux et bougon au cœur d'artichaut, monsieur Pic admirablement interprété par Claude Brasseur que sa femme Mylène Demongeot doit supporter en dehors du temps passé à la pétanque, à la sieste et aux apéros. Un second volet devrait voir le jour, gare au répétitif !


Les critiques de presse dans leur ensemble n'ont pas été tendres avec ce film au contraire d'un bon nombre de spectateurs. Et bien moi, je me range du côté de ceux-ci car je ne suis pas sûr que les détracteurs aient fréquenté autant que moi les terrains de camping.
S' ils connaissaient l'ambiance de ces lieux, ils s'apercevraient que Fabien Onteniente cerne son sujet de manière fort correcte. Il faut que tous ces pseudo-intellectuels du septième art se mettent définitivement dans la tête que le cinéma n'a pas seulement été inventé pour se creuser les méninges mais qu'il est aussi un bon moyen de détente. Alors vu sous cet angle, je préfère être considéré comme un beauf car au moins, j'aurais bien rigolé et par les temps qui courent, ça ne fait pas de mal !

Grard-Rocher
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le 22 avr. 2013

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