Je ne savais pas à quoi m'attendre même si l'affiche, le genre et le titre m'ont mis la puce à l'oreille, je ne suis pas (totalement) idiot. Eh bien, c'est une belle surprise, loin des revendications bruyantes des "LGBT" modernes, terme que j'ai rencontré dans une autre critique mais que je trouve totalement déplacé ici. En effet, on est plus ici dans la contemplation, contemplation d'une famille bourgeoise dans le nord de l'Italie dont le père est un érudit et la mère une riche héritière, avec au moins trois langues parlées couramment tout au long du film. (Français, Italien, Anglais, et un peu d'Allemand) Le fils a l'oreille absolue, et connait tout sur tout (ou presque...), y compris des grands auteurs classiques. Bref, un monde parfait. Quant au décor, il est absolument charmant et digne des plus grands maîtres. On ressent la chaleur, la langueur, la paix de cet environnement. Les gens y sont intelligents, si bien qu'une simple allusion fait office de déclaration, sauf quelques détours. (dialogues) J'ai trouvé cela absolument raffiné, et à mon exact opposé. Par contre, quelque chose me chiffonne, c'est l'homosexualité, finalement. En effet, les deux principaux "acteurs" seraient, finalement, bisexuels, mais alors pourquoi une telle romance dans un cadre précisément contre-nature ? Une romance hétérosexuelle serait-elle sans intérêt ? Peut-être que c'est le franchissement des barrières qui est ici intéressant, tout en subtilités, ou comment dire l'imprononçable. D'ailleurs, Elio reproduit le même dialogue avec une fille, ce qui laisse entendre qu'il y a les mêmes barrières avec les filles. Mais l'homosexualité doit rester secrète, c'est une barrière peut-être représentative de toutes les autres. L'ambassadrice des barrières ? D'ailleurs c'est bien elle qui éloignera définitivement les deux amants, chose qui nous semble regrettable, à moins que ce ne soit un simple chagrin d'amour, l'un étant plus soucieux des conventions. (d'autant plus qu'il est plus âgé, mais encore une fois, à l'image de sa piété, il est question ici de conventions)
Seule ombre au tableau, encore une fois : l'homosexualité semble distinguée, comme si un amour homosexuel était plus intense qu'un amour hétéro. Certainement qu'il l'est, mais de par le fait des, "grâce" aux, tabous justement.
Ou alors n'est-ce qu'une histoire d'amour entre deux hommes authentiquement attirés l'un vers l'autre, au détriment de tous les autres y compris des filles qui ne sont que des sujets comme les autres.
Oui, c'est plutôt ce qu'il me semble ici, Elio étant d'abord attiré comme une jeune fille en fleur par ce beau chevalier blanc venu d'Amérique. (ou plutôt non, c'est l'autre qui montre les premiers signes de gringue) Même si on ne peut jamais aussi sûrement écarter l'attrait du tabou. Une chose est sûre : le film est à mille lieues des films "LGBT" provocateurs à deux balles style 120 battement par minute. Il tente au moins de voir l'homosexualité comme un amour comme les autres.