Alors dans l’ensemble on peut dire que j’ai beaucoup aimé ce film mais je ne peux m’empêcher de ressentir un petit arrière-goût d’amertume. Mon avis se retrouve en fait nuancé à cause d’une première demi-heure qui, je dois l’avouer, m’a bien emmerdé. L’introduction des personnages et des enjeux s’avère bien longue pour ma part, peu drôle et assez anodine. Autant Buster Keaton avait l’habitude de proposer une évolution progressive dans l’humour qui fait très souvent mouche, autant là il y a un défaut de rythme qui porte préjudice au film. Du coup j’ai trouvé cette première moitié peu palpitante et vraiment molle, ce qui n’est pas forcément habituel des films de l’acteur.


Par contre le reste du métrage, c’est clairement du Keaton comme je l’aime avec des idées de mise en scène, des cascades à la pelle et beaucoup de tendresse. Et surtout, c’est un film avec un rythme retrouvé où les scènes aussi impressionnantes que drôles s’enchaînent à cent à l’heure. Je m’éclate toujours comme un fou devant ces séquences où tu ne peux t’empêcher de te dire « putain, il a osé ». Je pense notamment au passage de la tempête avec la maison qui s’effondre. Il faut quand même avoir un sacré cran pour tourner des séquences pareilles. Incroyable d’ailleurs que Keaton ne soit pas décédé sur l’un de ses tournages. Difficile à mon sens de rester insensible face à ces séquences saisissantes tant la mise en scène est d’une grande efficacité.


On a donc le droit à un spectacle effréné où le contraste entre le désastre ambiant et l’impassibilité du personnage de Keaton fonctionne toujours autant. Toute la séquence de la tempête est d’ailleurs l’exemple parfait du comique typique de l’acteur/réalisateur. L’image suffit à elle seule, pas besoin de dialogues, pas besoin de textes. Un pur comique de situation qui traverse les époques et fait encore mouche. Et mine de rien, le fait que cela fonctionne encore plus de 80 ans après, ce n’est pas anodin. Une comédie d’une grande générosité encore une fois, dommage donc que le début soit si peu passionnant.

Moorhuhn
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le 3 août 2015

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