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Sur plus de 2h15, le critique Elvis Mitchell nous narre l'évolution du cinéma pour les personnes de couleur des origines jusqu'à la fin de la Blaxploitation, dans les années 1970.

D'une certaine façon, ça ressemble un peu à ce qu'avaient fait Bertrand Tavernier ou Martin Scorsese pour leurs voyages (du cinéma français et américain), dans le sens où ceux-ci mettaient quelque chose de personnel dans leurs documentaires, au lieu de ne faire qu'un effet catalogue. Là, c'est l'enfance du réalisateur, l'impact qu'ont eu certains ces films sur sa vie, et sur sa fierté d'être noir.


Outre la narration qu'il assure de sa voix chaude, on retrouve plusieurs personnes interviewées comme Lawrence Fishburne, Whoopi Goldberg, Samuel L. Jackson, Billy Dee Williams, Charles Burnett, Zendaya, ainsi qu'un fringant Harry Belafont qui, du haut de ses 90 ans passés, raconte son intégration dans le système alors qu'en tant que noir, il sentait qu'il ne devait pas jouer dans des films aussi forts que Le coup de l'escalier.


Pour l'anecdote, c'est la française Alice Guy-Blaché qui a réalisé le premier long-métrage uniquement composé de personnes de couleur, loin des stéréotypes ou des clichés comme le blackface, l'esclave ou le serviteur avec l'accent prononcé. Le documentaire en parle un peu, mais il s'attarde surtout sur quelque chose de plus positif, et il y a un acteur qui est un peu la pièce centrale du récit qui est Sidney Poitier, qui fut le premier acteur noir réellement populaire et qui s'intégra sans soucis dans le milieu hollywoodien au point d'être la première star afro-américaine, bien avant Denzel Washington, à avoir eu un Oscar pour Le lys des champs.


Pêle-mêle, on parle bien entendu de fortes personnalités comme Pam Grier (qui n'est pas interviewée), Fred Williamson, Billy Dee Williams, Richard Roundtree, et surtout, des extraits de films parfois formidables (A man called Adam, Le procès de Julie Adams, et celui qui me tient toujours à cœur, Claudine), où la question du racisme latent est parfois posée, d'autres fois non, jusqu'à trois films au début des années 1970 qui vont faire dire aux Studios qu'il n'y a pas que des blancs qui vont au cinéma, et que le public afro-américain représente une manne financière non négligeable ; Sweet Sweetback's Baadasssss Song, Superfly (dont la B.O. fut commercialisée avant la sortie du film et contribua à son succès) et bien entendu Shaft avec le beau gosse Richard Roudntree et la musique de Isaac Hayes.

A partir de là va exister le phénomène qu'on appellera Blaxploitation, où la question noire sera au cœur des débats, où enfin le public de couleur pouvait se voir dans des personnages hors des clichés le plus souvent racistes, pour le meilleur et le pire. D'ailleurs, ce mouvement s'arrêtera de lui-même à la fin de la décennie lors de l'arrivée des blockbusters comme La guerre des étoiles. Même si Elvis Mitchell déborde un peu de cette période pour évoquer un film qui a l'air très beau et datant de la fin des années 1980 ; Sidewalk Stories. D'ailleurs, c'est à peine si Spike Lee est évoqué dans le documentaire...


C'est coproduit par Steven Soderbergh et David Fincher, donc autant dire un gage de qualité, et même si il y a de quoi se sentir parfois étouffé tant les informations sont très nombreuses, de par aussi le montage non linéaire qui peut parfois repartir dans le passé, c'est passionnant du début à la fin, et comme souvent dans ce genre de documentaire, je me suis noté plein de films que je ne connaissais pas et qu'il me tarde de découvrir.

Boubakar
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le 16 nov. 2022

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