Pixar qui donne dans le spin-off de Toy Story, en prenant ce bon vieux Buzz pour faire un film d'aventure de SF...

Ça semblait presque trop facile pour être vrai...


Et devinez quoi, ça l'est !

À l'image des cartons d'intro pour t'expliquer que tu vas voir le film qui aurait rendu Andy fan du personnage avant d'en recevoir le jouet (truc un peu difficile à gober vu que Toy Story ne mentionnait RIEN de la sorte...), ce Buzz l’Éclair modernisé et étendu coche les cases du divertissement sans surprise, à défaut d'être complice avec son public.

Alors oui, évidemment, c'est bien fait, c'est joli, l'animation est nickel, mais bon, il y a juste Pixar derrière, a.k.a les pionniers de l'animation en images de synthèse, encore heureux que le résultat soit propre.

Mais au scénario, dans la conception de l'univers, dans l'écriture des personnages, dans l'imaginaire déployé...

Bordel ce que c'est mou du genou. C'est un festival ininterrompu de citations des modèles qui ont fait le personnage de Buzz l’Éclair, ici recrachés sans se fouler pour construire tout un film dessus. Alors à la base dans Toy Story, ça marchait parce que c'est UN personnage parmi une large galerie, et qu'il avait un aspect presque parodique avec ses traits de personnalité poussés à l'extrême.

À vrai dire, il en était presque un peu débile, et avait un chemin de rédemption parce que le gars la jouait solo, avec une grosse tranche d'humour.

Dans le genre, l'intro du deuxième film mettait déjà en scène le fantasme des gosses de l'époque (et je le sais, j'en faisais partie !), à savoir voir Buzz en action dans son rôle de Space Ranger, et c'était bardé d'hommages à tout un pan de la SF, mais avec une vraie malice, et toujours la juste distance pour que ce soit drôle et évidemment pas à prendre très au sérieux vu que ça durait à peine 5 minutes.

Mais là, t'as la version longue par des mecs qui ont suivi le truc au pied de la lettre, avec un chemin de rédemption parce que le gars la joue solo, sauf que c'est sérieux !

Alors c'est parti, on démarre en citant la Stardate et avec un équipage qui explore l'univers avant d'avoir une merde sur une planète inconnue (hey, tu connais Star Trek ?), et vas-y qu'on enchaîne les vols pour approcher la vitesse lumière dans l'espace alors que le temps se déroule différemment sur la planète en question, ce qui va vite provoquer des décalages dans les âges entre Buzz et ses coéquipiers, avec la petite vidéo visio qui va bien (hey, tu connais Interstellar ?!), et que Buzz il va se trimballer une combinaison de pilote orange avec un plastron blanc, aller dans des marécages, et se coltiner un méchant mystérieux avec un immense masque respiratoire (Hey, tu connais STAR WARS ?!!)...


Sans déconner, faites un effort.

C'est même pas une question d'avoir la réf, c'est qu'à débiter vos influences aussi littéralement, t'as l'étrange sensation pendant tout le film d'avoir déjà tout vu, et que finalement tout ça est un bel emballage marketing savamment fabriqué.

Beaucoup diront d'ailleurs que c'est fait par des fans du genre, qui connaissent les vrais bails et machin, et ça suffira sans doute pour faire gage de qualité.

Mais c'est aussi s'enfoncer dans les mêmes problèmes que les derniers Star Wars, à savoir recracher les sempiternelles mêmes œuvres, sans avoir compris que leur force venait d'une originalité toute autre à leur sortie.

Et oui, Lucas citait Kurosawa, John Ford et j'en passe, mais dans une esthétique nouvelle, en ayant à cœur d'offrir un truc visuellement inédit, pas juste en recrachant ce qu'il avait vu dans un cadre similaire, ou carrément dans la même licence comme le plan du point de vue de Buzz dans son casque au début. (Hey, t'as vu TOY STORY ?!!!)

D'ailleurs, ce qui marche le mieux dans le film (et les réactions de la salle allaient dans ce sens), c'est Sox.

Ça surfe évidemment sur la hype céleste des chats via Internet (tant qu'on y est, Captain Marvel avait déjà tenté le coup), et ça leur fait un R2D2 tout trouvé, mais pour le coup c'est une vraie machine comique, avec un minimum d'importance narrative, et l'animation est au poil, rendant chacune de ses actions et mimiques très drôles. Et ce qui le rend aussi remarquable, c'est que visuellement, il sort un peu des sentiers battus dans le genre.


Et tant qu'on y est sur le scénario, non seulement ils se sont pas foulés pour trouver des idées, mais tout ça est quand même sacrément hasardeux.

Alors c'est un équipage colossal qui a pour habitude de traverser l'espace en vitesse lumière, mais ils découvrent seulement maintenant que ça peut avoir des conséquences sur le déroulement du temps ?

Et vous voulez nous faire croire que personne n'est capable de tracer leur position dans l'univers avec un type qui passe son temps à faire des rotations autour du soleil le plus proche, 3 anneaux de réduction de vitesse en orbite qui sont arrivés là comme par magie et carrément une ville qui pousse à la surface de leur planète en même pas un an ?

On vient de l'autre bout de la galaxie, on fait pousser une cité comme un champignon, mais on peut pas envoyer un signal à travers l'espace ?!


Sans même parler du comportement du vieux/méchant Buzz, qui se la joue super cool et détente quand il se dévoile au héros alors que le gars emploie des méthodes de sociopathe sanguinaire avant leur rencontre, quand bien même il croit tranquille que le mec va l'aider de bon cœur vu que c'est lui-même !


Bref, tout ça n'est pas très bien écrit, peine à proposer un spectacle efficace (Allez, le petit plan à la Gravity était cool, j'avoue), et se la joue service minimum, en transformant ce qui était des clins d’œil légers dans un film qui racontait tout autre chose en accolades monstrueuses dans leur genre de prédilection ! Sans même parler du fait que c'est le premier Pixar au cinéma depuis la pandémie, et que Soul, Turning Red et même Luca étaient bien plus audacieux et se sont vus relégués à une pauvre sortie sur Disney +, ce qui en dit long sur la stratégie de Mickey et sa frilosité créatrice.

Alors bon, je veux bien concevoir que tout ça est fait sans cynisme (même si TROIS scènes post-génériques, c'est crispant...), et il y a formellement rien de honteux, oui ça se suit tranquillement.

Mais c'est quand même le risque zéro à tout bout de champ, ce qui est quand même d'une ironie assez terrible quand ton personnage se caractérise par son envie d'aller vers l'infini et l'au-delà.

Xidius
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le 19 juin 2022

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