En 1989, Shinya Tsukamoto nous contait dans le film Tetsuo la déchéance, aussi bien physique que morale, d'un homme assistant impuissant à la transformation de son corps en un amas de métal. Une décennie plus tard, c'est un autre objet de métal qui se retrouve au centre de Bullet Ballet.


Cet objet, c'est un pistolet, l'arme utilisée par la petite amie du héros (joué par le réalisateur lui-même) pour mettre fin à ses jours et la nouvelle obsession de ce dernier suite à ce brutal événement. Son but désormais ? En récupérer d'autres. Il n'arrive pas à en acheter un ? Il se le fabrique. Sa création ne marche pas ? Il en obtient au autre. Pour lui et pour tous les autres protagonistes qu'il croisera, tout commence avec une arme et tout se terminera par les armes et leur violence. Et au milieu de toute cette ronde se trouve le personnage de Chisato, une sorte de créature à la croisée entre l'ange et le démon devenir la première cible de notre héros.


A bien des égards, Bullet Ballet s'apparente à Tetsuo dans les thèmes qu'il brasse. Fusion homme-machine (ici plus métaphorique), homme ordinaire poussé dans ses derniers retranchements moraux et physiques, esthétique du rêve éveillé, comportement des hommes face à la violence, recherche de la libération malgré la noirceur d'un quotidien...


Et noir, le film l'est. La caméra de Tsukamoto transforme les environnements urbains en véritables labyrinthes métalliques et poisseux dans lesquels les personnages sont condamnés à errer dans l'obscurité en attendant de brefs moments d'échappatoire.


Pour "magnifier" tout cela, on peut compter sur son la réalisation. Combinant noir et blanc, montage ultra-rapide, effets accélérés, ellipses et caméra tremblante pour un résultat proche de premier Tetsuo sans pour autant atteindre le côté brouillon et presque expérimental qui m'avait plutôt rebuté de ce dernier, la mise en scène de Tsukamoto atteint une virtuosité inouïe. Que ce soit lorsqu'il montre l'atmosphère poisseuse urbaine ou des moments plus légers dans une ambiance presque onirique, Bullet Ballet impressionne, et ce sur bien des aspects.


Pour l'instant mon Tsukamoto préféré. 9,5/10

fruitdumepris
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le 6 janv. 2017

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فؤاد

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