Brother
6.8
Brother

Film de Clement Virgo (2022)

Ce drame intense et envoûtant a flatté la corde sensible de pas mal de spectateurs dans différents festivals internationaux l’an passé et tient la dragée haute au niveau des nominations pour les récompenses du cinéma canadien. On peut le comprendre : c’est un beau film en plus d’être un film fort. Il n’y a qu’à voir les superbes et incandescentes séquences d’ouverture et de clôture pour s’en convaincre. Avec « Brother », Clément Virgo nous invite à contempler l’histoire de deux frères sur une période de près de deux décennies. Le titre est donc une évidence. Si l’on pourra trouver la démonstration un peu lente et parfois répétitive (on a l’impression d’habiter dans cet appartement à force d’y retourner à intervalles réguliers et époques variées) mais aussi que le montage elliptique et non chronologique n’est pas forcément utile voire accessoire, il n’en demeure pas moins que l’ensemble peut s’enorgueillir de beaucoup de qualités.


Il y a d’abord le somptueuses mise en images de Virgo dont chaque plan irradie nos pupilles. Dès le premier d’entre eux qui inaugure le film sur les pilonnes électriques, on sent qu’il y a un sens du cadrage et de l’image incroyable tout comme une aura esthétique raffinée sans être prétentieuse. Toute l’œuvre sera parcourue de la sorte par cet emballage envoûtant mettant le spectateur dans un état de contemplation agréable. « Brother » semble être souvent touché par la grâce mais aussi traversé par une sorte d’atmosphère cotonneuse et moite qui nous enferme dans un cocon, que seuls des moments de tragédie intense viendront court-circuiter. On pense un peu au chef-d’œuvre « Waves », les afféteries en moins, dans la manière dont sont filmés les personnages et une époque, celle de la fin de XXème siècle. Il y aussi des réminiscences de tous les récents films estampillés Black Lives Matter mais sans ce côté belliqueux récurrent devenu presque opportuniste.


Outre l’aspect photographie et mise en scène très réussi, on ne peut que louer la puissance des thématiques exprimées ici. Du deuil à la fraternité, du racisme à la résilience, de l’homosexualité (qui pour une fois est juste un trait de caractère normalisé dont on ne fait pas tout une montagne, bravo) à la maternité et l’absence du père, les thèmes sont nombreux et passionnants quoiqu’un peu trop nombreux peut-être. Mais même touchés du doigt, ils le sont avec acuité et sincérité. Certaines séquences sont intenses ou très émouvantes mais ne sombrent pas dans le pathos malgré un cahier des charges émotionnel plutôt lourd. On suit donc cette mosaïque d’instants, qui construisent un homme et définissent une vie, avec un intérêt certain, partagé entre émotion, empathie et douceur. « Brother » sait éviter également tout manichéisme et devrait faire partie des coups de cœur de nombreux spectateurs. On pourrait même dire qu’on était à la limite du chef-d’œuvre et qu’on aurait aimé encore plus l’aimer ce film. Il y manque juste cette petite étincelle qui fait tout et cela ne s’explique pas...


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 21 mars 2023

Critique lue 178 fois

3 j'aime

Rémy Fiers

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