Sous Couverture

Et de quatre déjà … Brigade Anti-Mafia (Squadra Antimafia) qui sort en 1979 est le quatrième volet des aventures de l'inspecteur Nico Giraldi toujours écrites par Mario Amendola et Bruno Corbucci qui officie encore et toujours en tant que réalisateur. Ce quatrième opus confirme les orientations du précédent avec un peu moins d'action, plus de comédie, un scénario un peu plus riche quoi que très décousu et une volonté de ne pas simplement recopier une immuable formule.

Dans Brigade Anti-Mafia l'inspecteur Giraldi se retrouve contraint d'opérer sous couverture aux USA afin de découvrir qui est l'auteur du meurtre d'un témoin compromettant pour la mafia locale. Nico Giraldi fera un rapide tour en prison avant de s’envoler pour New-York et Las Vegas afin d'infiltrer la mafia.

Ce quatrième opus confirme donc une volonté de proposer un scénario un peu plus riche qu'un vague prétexte à enchaîner bastons et cascades. Dans Brigade Anti-Mafia, afin de gagner la confiance d'un chef mafieux interprété par Eli Wallache, Nico va devoir commettre un hold-up, se faire enfermer en prison, s'en évader, s'enfuir vers les USA, travailler dans un restaurant italien pour enfin approcher l'homme providentiel, partir pour Las vegas et remonter jusqu'à un tueur et son commanditaire le tout sans le moindre soutien hiérarchique. Beaucoup de péripéties donc que malheureusement le film ne traite pas toujours de façon convaincante comme l'épisode prison/évasion expédié en quelques minutes seulement. Si l'écriture s'étoffe un peu, qu'elle propose de nombreux rebondissements avec notamment un final ou Nico Giraldi se retrouve en très fâcheuse posture, elle n'est malheureusement pas toujours pleinement convaincante pour autant. Quand au personnage principale il semble avoir trouver sa pleine personnalité, toujours aussi cool, cynique et grande gueule, l'écriture lui offre toutefois la possibilité d'exister un peu plus qu'une simple machine à débiter des bons mots et du langage fleuri. Le scénario commence même à s'amuser des gros traits caricaturaux du personnage et le latin lover un peu rustre et macho qui emballait la belle du casting dans les films précédents et qui se retrouve ici victime des femmes qui en veulent à son corps au delà de son consentement. Contraint de coucher avec la patronne d'un hôtel pour payer sa chambre, Nico va surtout subir les assauts répétés et la drague très insistante de la fille du chef maffieux, une rouquine à lunettes qu'il trouve particulièrement laide et repoussante (mais bon tout est relatif) et qui voudrait même l'épouser. L'aspect comique est toujours présent et il est toujours aussi lourd comme lorsque l'une des victimes du braquage de Nico est prise de flatulences incontrôlables. On retrouve le comédien et second rôle Bombolo avec sa bonne tronche adipeuse de tête à claques et l'acteur Enzo Cannavale en patron de restaurant italien , une figure mythique de la comédie transalpine ; des acteurs qui démontrent une volonté d'installer la saga plus vers l'humour que vers le poliziottesco.

L'un des point fort du film est aussi que les petites ritournelles accrocheuses mais répétitives du duo de compositeurs Guido et Maurizio de Angelis laisse la place à une bande originale un peu lus variée et signée par les Goblin. On pourra d'ailleurs s'amuser à retrouver dans certains morceaux des sonorités et des brides de la bande originale de Dawn Of The Dead de Romero. Mine de rien voir Tomas Milian sapé comme un patron de bordel marcher dans les rues de Las Vegas saturées de néons avec un bon morceau des Goblin en fond sonore ça fait son petit effet. Niveau action on remarquera avec un certain étonnement que Nico pratique désormais un kung-fu approximatif bien loin de la sainte trinité baffes dans la gueule, coups de pieds au cul et coup de genoux dans les joyeuses … Dommage en tout cas que la doublure de Tomas Milian soit parfois un peu trop visible lors des séquences de baston ce qui rend cette évolution encore un peu plus artificielle. Dans son registre de divertissement populaire Brigade Anti-Mafia reste plaisant et comporte quelques scènes assez amusantes pour passer un bon moment comme celle qui accompagne le générique de début, la danse disco un peu ridicule de Nico Giraldi ou lorsqu'un pauvre homme voit sa voiture réduite en bouilli à cause d'une baston aux marteaux entre Nico et un suspect.

Ça reste bien sûr du cinéma de quartier sans autres prétentions que de divertir un public pas trop regardant, mais globalement ça fait encore et toujours le boulot.