Boyhood est un film assez particulier dans la mesure où son réalisateur ne veut jamais aller jusqu'au bout de ses scènes. Il ne va jamais chercher l'émotion particulière que l'on pourrait ressentir. Non, au lieu de ça, c'est next et nous voilà reparti au prochain moment de vie de Mason. C'est comme s'il voulait à tout prix éviter les clichés de ce genre de film, à mi-chemin entre la comédie romantique américaine et le drame social. Mais à ne rien montrer à son spectateur, il le perd forcément, ou du moins il rate sa cible. Parce qu'il est clair que sa trame rappelle beaucoup le Tree Of Life de Terrence, mais Boyhood est aux antipodes de ce dernier lorsqu'il s'agit de faire passer un message, histoire de ne pas laisser son film se voir une fois et puis basta ! Parce que là, c'est clairement de ça que l'on parle. Je ne sais pas si je reverrai à nouveau Boyhood, alors que le bluray de Tree Of Life est posé à côté de moi pour encore très longtemps. Il y a de bonnes choses dans Boyhood, à commencer par cette expérience unique au cinéma de pouvoir suivre ces gens sur autant d'années. Le résultat est saisissant, voir ce que sont devenus le frère et la soeur a quelque chose de magique et de tout à fait agréable. Surtout que c'est bien filmé, ça ne s'aventure pas trop en dehors des frontières filmiques mais bon, ça reste propre et plutôt joli, et c'est tout ce qu'on demande.
Je n'ai pas très bien compris la démarche pour Mason, qui n'est pas quelqu'un de passionnant à suivre. Tout ce que j'ai retenu de lui, c'est qu'il ressemble à un errant (entre le zombie et la loque humaine). Si je le compare à Jack du film de Terrence (oui, encore une fois), le constat est saisissant. Jack a bien plus de choses à raconter que Mason, et pourtant, les deux ne parlent que très peu durant leurs films respectifs.
Ah, plus je parle de ce film et moins je l'aime. C'est quand même dommage. Les trois heures sont pourtant très bien passées pour moi. Je laisse le film mûrir un peu dans mon esprit, histoire de me faire un avis définitif, mais quand je vois qu'il gagne aux Golden Globes et que Mommy n'est même pas nominé (ne serait-ce que pour le meilleur film étranger), ça me met la haine de ouf ! A vrai dire, les cérémonies du cinéma m'écoeurent de plus en plus. Ca pue le business à plein nez.
Bref, regardez Boyhood, rien que pour son ambition pour ses personnages (c'est quelque chose qu'on ne reverra pas avant longtemps donc bon), mais il n'est pas ce chef d'oeuvre qu'on décrit souvent. Ca l'empêchera pas d'avoir l'oscar. Monde de merde.