Dès leur premier film, le duo Wachowski avait réussi à matérialiser leur univers graphique et leur art du montage dans un film néo noir à l’écriture et l’esthétique sombres, habillement cadenassées et fichtrement jouissives. Partant d’un postulat assez simple mais terriblement efficace, Bound nous dévoile la rencontre sensuelle entre Corky, femme aux allures de garçon manqué à la classe instantanée tout droit sortie de prison et qui retape des appartements, et l’épouse d’un mafieux, Violet, sorte de Marilyn Monroe dark voluptueuse aux regards de braises. Entre les deux jeunes femmes, l’attraction physique fait corps dès leur premier coup d’œil lorsqu’elles se croisent par mégarde dans l’ascenseur de l’immeuble. Cette introduction donne naissance à une première partie de film tout en jeu de cachecache, à un jeu de séduction éminemment érotique entre les deux femmes, faites d’attirance réciproque et curiosité sexuelle à la tentation inévitable. Derrière une direction d’acteur parfaite d’alchimie, on arrive à s’extasier devant le travail de cadrage des deux réalisateurs qui arrivent toujours à trouver le bon angle et le cadre parfait, à l’image de cette scène amoureuse tout en plan séquence d’une sensualité à couper le souffle. Car c’est surtout visuellement que Bound inspire le respect immédiat, entre effet de style personnel jamais tape à l’œil et classicisme fortuit. L’ambiance est posée, classe, s’amusant du chaud et du froid puis avec maitrise adéquate de rupture de ton, Bound va basculer dans le genre thriller mafieux où les deux complices vont tout faire pour duper le mari de Violet et lui piquer une grande somme d’argent. S’ensuit alors une orchestration plus classique du vol s’appuyant sur son écriture finement construite faite de mensonge, de dupe, de faux semblants mais où le suspense nous happe aux moindres instants à l’image de ce face à face entre Jonnhie et César. Bound inscrit la femme au centre de son histoire où ses charmes et sa subtilité auront raison d’un monde masculin carnassier et carnivore. Le scénario ne présente pas de bouts de gras, est presque sans failles, capté d’une cohérence lisible profitant d’un montage carré. Si les Wachowski maitrise leur sujet, leur film n’est jamais prévisible arrivant à se renouveler et faire monter la tension crescendo grâce à des rebondissements sanglants et haletants incarnés par un trio d’acteurs inspirés. Efficace est le maitre mot d’un film à l’ambition jamais démesurée, affichant une capacité impressionnante à s’approprier les genres, et sachant poser les bases artistiques d’un duo à l’originalité foisonnante. Bound est un premier pied à l’étrier réussi des deux Wachowski dans la réalisation.
Velvetman
8
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le 27 avr. 2014

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