Un an après sa première apparition au cinéma, l'agent secret James Bond alias 007 né de la plume de Ian Fleming est de retour pour une seconde mission.
Fort du succès inattendu de James Bond contre Dr NO, ce second épisode de la franchise se voit doter d'un budget plus conséquent, ce qui va quelque peu améliorer la qualité des décors et le rendu de CERTAINES scènes d'action. Je précise bien CERTAINES dans la mesure où le rendu final se révèle plutôt hétérogène. Si l'on peut par exemple apprécier l'affrontement entre Bond et Grant dans l'Orient Express ou la course poursuite sur l'eau, d'autres passages tels que la fusillade dans le camp de tziganes où l'affrontement final avec Rosa Klebb déguisée en femme de ménage sont beaucoup plus brouillons...
Toujours implanté dans le contexte de la Guerre Froide, le scénario remet au premier plan l'organisation SPECTRE, déjà au centre du 1er film. Après l'attaque cibleé contre le programme spatial américain, l'organisation criminelle vise cette fois le vol d'un décodeur top secret appartenant à l'URSS. Une finalité plus simpliste mêlée à une quete de vendetta contre Bond. L'arme s'appelle Tatiana Romanova, espionne soviétique qui devient sans le savoir la marionnette du SPECTRE.
Trop réducteur pour être vraiment efficace, le scénario ne va jamais dans la profondeur, restant toujours en surface. Le Lektor n'est jamais présenté en détails, l'objectif du SPECTRE de le voler à l'URSS pour ensuite lui revendre est un peu léger pour un film d'espionnage. Quant au personnage de Tatiana, il en est littéralement réduit à attiser le désir de Bond pour le piéger. Une rencontre fracassante qui a lieu...AU LIT ! Même si Daniella Bianchi est très convaincante dans le rôle de la tentatrice, c'est un peu cash pour une rencontre, non ?
D'objet de désir et de tentation,Tatiana se voit ensuite réduite à la femme amoureuse et soumise, ce qui la rend dans la seconde partie du film presque aussi niaise qu'Ursula Andress dans Dr NO. Une fois conquise, le personnage de Tatiana a droit aux aléas très machistes de son partenaire : ordres, mise à l'écart, gifle... Au final, un traitement guère plus reluisant que celui réservé à Ursula Andress. Il y avait pourtant quelque chose à creuser de ce côté-là, en imaginant par exemple que Tatiana soit au final un agent double qui suit un tout autre objectif...
Sur le plan positif, le film apporte des éléments intéressants comme l'apparition des premiers gadgets et de celui qui deviendra un méchant emblématique et récurent de la saga : BLOFELD (et son gros matou). Ce dernier apparaît ici sous une forme très astucieuse : L'ARLESIENNE. Un procédé qui permet au personnage d'exister sans vraiment être montré...
Divertissant mais pas transcendant, Bons Baisers de Russie est d'une qualité équivalente à son prédécesseur. Sean Connery prend peu à peu de l'assurance dans son rôle, l'univers autour de lui se familiarise peu à peu avec le public, et Daniella Bianchi apporte partiellement un côté femme fatale délectable, dont la saga raffolera au fil des épisodes et des James Bond Girls...
Limité cependant par son écriture assez moyenne et sa vision très machiste propre à la société de l'époque, le film reste à l'instar de son aîné un nouveau tour de chauffe.