Alors qu’ils viennent de rater un coup à Londres, Ken et Ray (Brendan Gleeson et Colin Farrell) s’enfuient à Bruges où ils attendent les ordres de leur patron Harry (Ralph Fiennes). Ken prend son mal en patience et visite la ville et ses beautés, pendant que Ray ronge son frein, en attendant de pouvoir revenir en Angleterre. Mais lorsqu’Harry téléphone à Ken pour lui donner ses ordres, il lui ordonne de tuer Ray, véritable responsable de leur échec londonien…


Il y a toujours des films qui surprennent par leur magnifique capacité à ne jamais aller là où on les attend. Indéniablement, Bons Baisers de Bruges est de ceux-là. Alors qu’on s’attend à une petite comédie noire sympathique, qui, au mieux, égayera une morne soirée pour se faire gentiment oublier ensuite, le film de Martin McDonagh se révèle une œuvre insaisissable, voguant quelque part entre la comédie, le drame et le film de gangsters, sans jamais pouvoir entrer dans une de ces catégories. Ainsi, si Bons Baisers de Bruges fait rire, c’est toujours pour mieux émouvoir par la suite.
Pour son premier film, qui fait suite à une carrière de dramaturge qu’il me tarde de découvrir, Martin McDonagh frappe en effet très fort en nous brossant par petites touches successives un portrait psychologique de ses personnages tout en nuances, évacuant dès le début toute sorte de manichéisme. Il faut dire qu’il est aidé par un casting exceptionnel, dominé par un Brendan Gleeson impérial, d’une finesse ahurissante, que son physique de brute n’aurait jamais laissé soupçonner, que suivent de loin un glaçant Ralph Fiennes et un Colin Farrell étonnamment bon.
En outre, McDonagh nous prouve qu’il est loin d’être un manchot, et qu’en plus de savoir écrire des personnages, des situations et des dialogues, il sait manier la caméra comme s’il l’avait fait toute sa vie, nous offrant une mise en scène souple et fluide, sans jamais basculer dans le tape-à-l’œil, magnifiant l'éblouissante beauté de la ville de Bruges, au charme inégalable. Pour ceux qui savent prendre le temps devant des films qui osent reculer devant les tics du cinéma contemporain, à savoir un rythme à 200 à l’heure et un happy end artificiel, Bons Baisers de Bruges s’avérera donc une magnifique découverte, tour à tour drôle, élégante, émouvante et poétique. Tout ce que je n’aurais pas soupçonné en lançant le film…

Tonto
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le 17 janv. 2018

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Tonto

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