Deux heures douloureuses, on pouvait s’y attendre à cause du thème principal du film : le cannibalisme. Très vite, le film bascule lors d’une scène où la jeune Maren, 18 ans, se rend à une soirée pyjama à l’encontre de la volonté de son père. Après avoir tenté un rapprochement avec l’une de ses camarades, elle lui dévore le doigt. Ce n’est du reste pas la première fois que seront associé cannibalisme et érotisme.
Mais les scènes d’un réalisme crues où les cannibales cèdent à leur pulsion meurtrière ne sont pas les seules à être désagréables. La musique de fond jouant quelques notes de guitare sèche, semblable à celle d’un film romantique américain, rend le contraste insupportable. Le film se veut certes subversif, mais il pourrait l’être davantage si tout n’était pas présenté en gros plan. Les dialogues et l’arc des personnages représentent peut-être au mieux cette niaiserie. Leur rencontre se scellent très vite parce qu’ils ont tout deux des problèmes avec leurs parents, on aurait pu trouver mieux. D’ailleurs, la relation qui lie Lee et Maren n’est que surface. On ne croit pas à leur histoire romantique, même s’ils insistent d’abord sur le fait qu’ils ne sont que deux amis.
Et puis, pourquoi et comment réussissent-ils finalement à avoir une vie normale alors que les 2h précédentes voulaient tenir du genre de l’horreur et nous expliquer que les cannibales ne pouvaient aller à l’encontre de leur travers ? Le film se terminera par le retour d’un pervers libidineux qui suivait Maren depuis le début du film, mais son retour se fait lourd et inopportun. Lee sera voué à mourir suite à un coup de couteau et sa petite fiancée pourra l’embrasser puis le faire succomber en le dévorant.
Merci, tout de même, au directeur de la photographie. Ses images et ses prises de vues de cette sorte de roadtrip aux fins fonds de l’Amérique sauve quelque peu le tout.

lebenodertheater
4

Créée

le 16 déc. 2022

Critique lue 670 fois

9 j'aime

2 commentaires

Critique lue 670 fois

9
2

D'autres avis sur Bones and All

Bones and All
Procol-Harum
5

En manque de chair

Indéniablement, Luca Guadagnino a de la suite dans les idées. Après avoir mis en scène la douceur dans Call Me By Your Name, puis l’horreur dans son remake de Suspiria, il nous revient cette fois-ci...

le 27 nov. 2022

19 j'aime

Bones and All
Star-Lord09
5

La difficulté d'exister

Si l'on devait se projeter à une époque où littérature et Septième Art n'avaient pas encore brassé le thème de l'errance et illustré le mouvement gothique, nul doute que l'essai de Luca Guadagnino...

le 26 nov. 2022

18 j'aime

22

Bones and All
Noel_Astoc
4

Faux d'artifice

Luca Guadagnino signe un film arty et même artificiel, ni nul ni scandaleux mais assez vide. Formellement accompli et de bonne facture, le film sidère par sa superficialité tant Guadagnino ne tire...

le 24 nov. 2022

11 j'aime

Du même critique

The Fabelmans
lebenodertheater
7

Encore une autobiographie cinématographique

Sans vouloir offenser quiconque, et surtout pas Spielberg, le gouffre de l’autobiographie est sûrement l’épanchement. C’est cette nostalgie borgne qui en vient à allonger une histoire somme toute...

le 4 mars 2023

1 j'aime

Le vent nous emportera
lebenodertheater
7

Une voiture qui travaille trop finit par prendre l'âme

La métaphore qui représente surement le mieux le film est celle qui, reprise plus tard, le commence : une voiture qui travaille trop finit par rendre l’âme, comme celle qui resterait trop au repos...

le 4 janv. 2023

1 j'aime

Houria
lebenodertheater
6

Critique de Houria par lebenodertheater

Très beau film malheureusement pollué par une trop grande accumulation de ressorts dramatiques

le 22 mars 2023