On ne va pas se mentir... Il suffit de voir ma note pour comprendre que Lucas Guadagnino et Timothée Chalamet me font battre le coeur comme jamais... mais, ce sera, seulement dans "Call me by your name"...

Je partais pleine d'espoir (malgré ma déception pour son "Suspiria"), ce qui n'est jamais bon...

Une fois n'est pas coutume, quelle déception !

Par où commencer...

Commençons par l'écriture du film... Je n'ai pas lu le roman mais l'écriture du film est vraiment mauvaise. Les personnages sont creux, semblent sortir de nulle part, leurs motivations ne tiennent jamais la route (la quête de la maman est tellement banale) et je ne parle pas des dialogues qui sont tout bonnement plats, vides; aussi creux que leurs personnages à vrai dire. L'histoire est truffée d'incohérences et tout est affreusement poussif... Le personnage de Sully qui va et qui vient et dont on ne parvient jamais à saisir ni la teneur ni les desseins, Maren qui est tout simplement une tête à claque errante et sans charisme, seul Lee (suis-je vraiment objective?) me semble un peu intéressant.

Le film prend des raccourcis affligeants : à chaque fois que l'héroïne va croiser quelqu'un et lui parler ce sera un cannibale ? Sérieusement ? Il faut donc croire que ça court les rues ! Et qui peut croire à ces scènes où le couple décide de vivre heureux de façon "normale" alors que tout le film et tous les personnages sont censés nous prouver le contraire durant tout ce film ?

Parlons aussi de la mise en scène... La première heure du film est tellement sombre que c'est à peine si on parvient à voir les visages de nos cannibales. Et quel est donc que ce florilège de symboles qui nous bourrent le crâne, du style, tous les plans où l'on voit les cannibales à travers des miroirs comme pour nous dire (un nombre incalculable de fois) : "Regardez, ce ne sont pas comme les vampires; eux, ils ont une âme, la preuve, on peut voir leur reflet, ayons pitiés d'eux...". Quelle est donc cette profusion de gros plans, de cadrages qu'on ne comprend pas, de mouvements de caméra franchement laids, qui ne parviennent jamais à trouver grâce ? Et cette musique qui est insupportable...

Tout manque de finesse et de subtilité dans ce film. Nous avons même droit à des scènes trop longues dont on se demande sincèrement à quoi elles servent, comme celle avec Michael Stuhlbarg... Une scène pour montrer à quel point, lui et Lucas sont amis ou que ce dernier est désolé de ne pas lui avoir confié un rôle dans son film, ou une "private joke"... Ou quoi ? Parce qu'au final, on ne va jamais au fond de ce "Bones and all" et de ce que cela pourrait vouloir dire. Trop frileux Luca ?

Cette histoire d'amour n'a même pas le mérite d'être un soufflé qui retombe parce qu'à aucun moment, on ne parvient à y croire, il n'y a aucune alchimie entre les deux personnages. Pour un film qui parle d'amour et de cannibalisme... A aucun moment nous avons droit à quelque chose de palpable à se mettre sous la dent...Et pourtant, je pense qu'il y avait de quoi, dommage !

Créée

le 23 nov. 2022

Critique lue 206 fois

4 j'aime

3 commentaires

Critique lue 206 fois

4
3

D'autres avis sur Bones and All

Bones and All
Procol-Harum
5

En manque de chair

Indéniablement, Luca Guadagnino a de la suite dans les idées. Après avoir mis en scène la douceur dans Call Me By Your Name, puis l’horreur dans son remake de Suspiria, il nous revient cette fois-ci...

le 27 nov. 2022

19 j'aime

Bones and All
Star-Lord09
5

La difficulté d'exister

Si l'on devait se projeter à une époque où littérature et Septième Art n'avaient pas encore brassé le thème de l'errance et illustré le mouvement gothique, nul doute que l'essai de Luca Guadagnino...

le 26 nov. 2022

18 j'aime

22

Bones and All
Noel_Astoc
4

Faux d'artifice

Luca Guadagnino signe un film arty et même artificiel, ni nul ni scandaleux mais assez vide. Formellement accompli et de bonne facture, le film sidère par sa superficialité tant Guadagnino ne tire...

le 24 nov. 2022

11 j'aime

Du même critique

Une chambre à soi
ameliehyacinthinus
9

Quel livre a changé votre vie ?

De toutes les questions métaphysiques que je me suis posée dès lors, ce fut sans doute, cette question avec laquelle je me suis le plus débattue ! Quel livre a changé ma vie ? Comment choisir ? De...

le 6 déc. 2014

42 j'aime

11

Interstellar
ameliehyacinthinus
10

Cher Monsieur Nolan,

Cher Monsieur Nolan, Ceci est une lettre d'amour. Vous êtes grand, Monsieur Nolan, très grand. Vous m'avez fait vivre un très grand moment de cinéma, de ceux qui laissent une trace indélébile dans...

le 7 nov. 2014

34 j'aime

7

Top of the Lake
ameliehyacinthinus
8

âme sensible....sert les dents et ne t'abstient pas !

Jane Campion se lance dans l'exercice du petit écran ! Pas de surprise, l'essai est forcément réussi. On a du Campion pur jus dans toute sa splendeur : histoires sordides, enfances brisées, femmes...

le 22 avr. 2013

31 j'aime