The Bodyguard commence par intriguer, adoptant un prisme original – celui de la protection rapprochée – pour représenter un show-business auquel nous accédons depuis les coulisses ; nul hasard si la première apparition de la chanteuse s’inscrit dans le tournage d’un clip que diverses machines et qu’une multitude de techniciens déconstruisent devant nous : caméras, écrans disposés partout qui diffusent des images desquelles semblent prisonnière l’artiste. La mise en scène, fluide et inspirée, garantit une lisibilité appréciable et figure les rapports de force que des dialogues verbalisent inutilement.
Pourtant, à mesure que s’installe la romance entre les personnages se dilue ce qui ressemblait d’abord à une satire du milieu artistique, préférant la guimauve et l’autosanctification de Whitney Houston bien meilleure chanteuse que comédienne – l’entendre critiquer la chanson qui deviendra thème du long métrage, feignant de la découvrir, agace au plus haut point. La réalisation devient approximative, les enjeux disparaissent au profit d’une romance maladroite à laquelle nous ne croyons guère, la faute à une alchimie entre un acteur et une chanteuse qui jamais ne prend ; le montage tente alors de conférer à l’ensemble un rythme en charcutant artificiellement ses plans. On comprend aisément la déception partagée par le scénariste Kasdan et l’acteur Costner lorsqu’ils visionnèrent le produit fini, indigne de leur intelligence et de la rigueur de leur cinéma respectif.