
Film psychologique, drame banal, Blue Jasmine est l'histoire d'une femme respirant la beauté et la richesse, sorte d'ange déchu prisonnière de sa vie de luxe passée. Profondément seule et démunie, sans même un diplôme, elle ne se prive pourtant pas de donner une leçon de vie à sa sœur, mère divorcée de deux enfants, physiquement en tout point son contraire.
C'est donc aux traits singuliers de la dépression d'une femme blanche mondaine Américaine que s'intéresse Woody Allen. Pour incarner cette belle femme alcoolique, bipolaire et mégalo, Cate Blanchett est absolument parfaite : elle habite le corps de cette femme, rayonnant de l'extérieur mais pourri et détruit de l'intérieur. Elle convainc par son jeu maîtrisé.
Le scénario du film est très simple et se laisse facilement prévoir, indiquant que l'enjeu réel du film tient plus à montrer les rouages sociaux et psychologiques de la dépression. Plus largement, on peut y voir une réflexion plus classique sur le sens de la vie et la construction de sa propre identité. Le faux du vrai, la recherche du bonheur, la superficialité, le sens de la famille, le succès, le choix de vie sont autant de thèmes en creux de cette histoire. Au pire Woody Allen se veut moraliste, au mieux il dépeint avec ironie un mal typique du monde occidental au 21ème siècle.