Cate Blanchett sublime dans un Woody Allen mineur

Woody Allen n'est plus l'auteur et réalisateur magnifique des années 70/80, mais comme avec "Match Point" en 2005, il parvient encore à surprendre en dressant le portrait d'une femme en pleine déchéance psychologique et magnifiquement interprétée par Cate Blanchett.

Jasmine French (Cate Blanchett) débarque à San Francisco pour vivre avec sa soeur Ginger (Sally Hawkins) et ses deux enfants. Son mariage avec Hal (Alec Baldwin) s'est effondré, elle se retrouve sans ressources, mais elle a gardé ses manières et habitudes de femme mondaine. Les deux soeurs sont aussi différentes socialement, que physiquement. Leurs retrouvailles vont être difficile, surtout que Jasmine sort d'une dépression nerveuse.

Au-delà du choc social, Woody Allen brosse surtout le portrait d'une femme, celle du titre Jasmine et de son blues (oui, c'est un peu facile). Cate Blanchett porte le film, sans pour autant susciter l'empathie, tant son personnage ne semble jamais accepter ses erreurs et son sort. Elle est dans le déni, comme durant son mariage, en fermant les yeux sur les infidélités et trafics financiers de son mari. Mais en ouvrant les yeux, elle va s'effondrer et entamer une descente dans l'enfer de la dépression.
Jasmine a vécu de son physique avantageux, au contraire de Ginger. Elles ne sont mêmes pas sœurs, elles ont vécu dans la même famille adoptive, d'ou Ginger a fuit, alors que Jasmine était la préférée. Deux parcours différents, la première est une femme entretenue par un mari riche; en apparence; la seconde est une femme divorcée avec deux enfants, qui a crû un moment accéder à un certain confort matériel. Mais tout ce que touche Jasmine, ne se transforme pas en or, bien au contraire. Pourtant Ginger l'accueille chez elle, car cela reste la famille. Alors que le contraire, ne serait surement jamais arrivé.
Jasmine attise la convoitise des hommes, jusqu'à les rendre fous, comme si sa folie était contagieuse. Mais elle veut un homme de standing, pas les losers que se coltinent sa caissière de sœur. Alors qu'elle même, n'a aucune compétence, ni professionnels, ni humaines, c'est juste une belle plante entrain de dépérir.

Autour de Cate Blanchett, le seul Bobby Cannavale sort du lot, de par son charisme, il impose un personnage tout aussi névrosé que cette dernière. Alec Baldwin restant dans la veine de la plupart de ses rôles depuis sa résurrection dans "30 rock", l'homme riche et fringuant. Sally Hawkins, tout comme son ex Andrew Dice Clay et leurs enfants, sont bien fades. Peter Sarsgaard ne semble pas à sa place dans l'univers de Woody Allen, ou alors la normalité ne lui convient pas. Michael Stuhlbarg se contente de peu et se retrouver écraser par Cate Blanchett, décidément dominante. Enfin, Louis C.K. ne fait que passer, servant surtout à conforter un des propos du film : les apparences sont trompeuses.
Bien évidemment, Jasmine reste celle dont l'apparence et des plus trompeuses. Une femme sans racines, sans vraiment de famille de son sang et enfermé dans sa superficialité.

Un Woody Allen en forme, mais pas en grande forme, qui a eu surtout la bonne idée de donner le rôle de Jasmine à Cate Blanchett. Elle a été couvert de prix, dont l'oscar de la meilleure actrice amplement mérité. Un drame léger, manquant de densité et de puissance émotionnelle.
easy2fly
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le 20 mars 2015

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Laurent Doe

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