Blue Jasmine. Quel film. Quel film qui nous raconte l’histoire de cette femme ayant tout fait par amour. Ce n’est pas tant par argent comme dans la suite du film qu’elle s’est agrippée à ce mari escroc et infidèle. Mais c’est par un amour l’ayant rendu complètement folle. Et c’est cette folie qui m’a prit au tripe. Changer de nom pour plaire à ce mari qui collectionne les maitresses pour au final dire qu’il veut partir faire sa vie avec l’une d’elle.
A partir de ce moment là ou cette femme que la honte, la colère et la douleur rendent hideusement moche, Jasmine est perdue. Woody Allen filme avec magnificence la déchéance de cette femme qui part après le suicide de son mari en prison, à San Francisco se heurter au fossé qui s’est creusé entre elle et sa soeur, Ginger.
Mes profs m’ont très souvent dit de mettre ma sensibilité de côté lorsque je regarde un film, pour ne pas me laisser berner comme le spectateur lambda. Mais jamais je n’ai été d’accord avec ça. Si je suis capable d’analyser après les faits, alors j’accepte de laisser ma sensibilité de femme absorber ce qu’on me met devant les yeux. Et c’est elle qui m’a permit de saisir tout ce qu’Allen a fait. Cette femme, si fière et s’accrochant encore à son espoir de s’en sortir est bluffante. L’histoire de Jasmine est incroyable, mais Cate Blanchett est tout bonnement fabuleuse, merveilleuse. Son visage, son corps, sa gestuelle, tout est bouffé par la dépression de Jasmine. Elle parle seule, etale la vie de rêve qu’elle avait, expose aux yeux de tous ses malles Vuitton.
Pendant un moment du film, la question est celle-ci: va-t-elle réussir a réellement s’en sortir ? Lorsqu’elle rencontre cet homme qui la croit sur parole, tombe amoureux d’elle si vite. Trop vite pour qu’on puisse être dupe. Et non, Jasmine est perdue, elle s’est noyée sous ses mensonges, elle n’a plus la moindre famille, le fils qu’elle avait ne veut plus en entendre parler et refait sa vie, sa soeur qui l’écoutait et l’admirait n’a désormais d’yeux que pour l’homme que Jasmine traitait d’incapable, de looser. Seulement voilà, le problème est également là, elles ne vivent pas dans le même monde. d’ailleurs Jasmine ne vit dans le monde de personne, elle se créé cette bulle qui lui a explosé en pleine figure depuis si longtemps, mais elle en est encore désorientée.
En sortant de la salle, on m’a demandé " pourquoi? Pourquoi faire a-t-il fait ce film?" Mais pour moi Allen c’est ça. Il nous envoie en plein visage l’histoire de cette femme bercée par la richesse, les diamants, les sublimes maisons de vacances, mais qui une fois dans le "monde réel", sans cet argent , est tellement perdue que c’en devient la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui lui fait perdre la raison.
Le montage achronologique est délicieux, on comprend vite que le but premier d’Allen est de nous montrer combien la descente aux enfers était courue d’avance et depuis longtemps, mais aussi combien elle fut brutale pour Jasmine. Et le scénario est simple, il ne cherche pas mile et un rebondissements, des cris des spectateurs, des ascenseurs émotionnels, non. On a mal aux tripes constamment, et c’est certainement ça qui est meilleur.