Oui, il "faut" aller voir ce film! D'abord pour ELLE, Cate Blanchett, pour son interprétation, son jeu d'actrice, sa capacité à nous amener avec le même entrain, la même force dans les deux mondes qui la dévorent et qui la jettent dans un troisième celui de la folie (qui était peut-être le sien, de son histoire d'adoption...). La voir aussi pour son personnage, cette dame de la ville de New York, sans autre contrainte que celle de se faire voir, d’étaler sa richesse, sa toute puissance (même illusoire), son mépris pour tout ce qui n'est pas elle, la négation de son origine et de «sa famille» et la bonne conscience en parlant des pauvres.
Ensuite pour LUI, Woody Allen, car il nous montre bien le maintien de sa capacité à raconter une histoire et sa créativité, restée intacte (contredisant les quelques commentaires un peu condescendants, après ses belles et légères comédies qui l'ont occupé ces dernières années dans les capitales européennes). Et dans ce film il met au premier plan, sans le dire ni le décrire directement, la corruption, sous les habits d'un escroc qui a le bras long et un étendu important d'arnaque, qui n'hésite pas à prendre même l'argent du loto gagnée par la frangine-adoptive de Jasmine, dans un saisissant portrait de classe, lors de la visite à New York.

Il nous dit peut-être tout son pessimisme pour la condition humaine. Le portrait des hommes dans Bleu Jasmine est des plus vides, inconsistants, machistes, quand ils ne sont pas des vulgaires mais riches escrocs (à l'exception du fils, submergé par la honte de son père, il disparaît tournant le dos à Harvard) ou le "beau et gentil" diplomate attendant son heure politique et à la recherche d'une femme bien présentable qui le soutiendra.
La femme est à l'image de Jasmine, dans l'incapacité d'aimer pour de vrai, et en permanence regardant le monde à son image et à son jugement.
Film sur le mensonge, la vanité, la jalousie, la vengeance, le déclassement, la fidélité... et tout cela si proche de nous! [Il y a eu bon nombre de critiques sur Sens critique, que j'ai apprécié (je n'ai lu que quelques unes). Je ne souhaite y contribuer que comme un regard supplémentaire sur le Woody Allen version 2013!
ArthurPorto
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le 3 nov. 2013

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ArthurPorto

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