Chaque année, de manière rituelle, apparaît dans les salles obscures un opus réalisé par Woody Allen. Depuis que je suis en âge de m’intéresser au septième art, j’entends que ce dernier est un cinéaste de talent, que bon nombres de ses œuvres sont remarquables et qu’il possède un ton qui lui est propre et qui s’avère inégalable. J’ai vu une dizaine des films du célèbre réalisateur new-yorkais. Je suis sorti plus souvent de la séance sur une impression mitigé que réellement conquis. Néanmoins, j’avais décidé d’aller voir Blue Jasmine, porté par les éloges qui accompagnaient son arrivée le vingt-cinq septembre dernier. Ce dernier est construit, à l’image de son affiche, autour de l’actrice Cate Blanchett qui restera toujours pour moi le resplendissante Galadriel. Cela faisait partie des arguments qui m’avaient incité à m’asseoir dans un siège de cinéma pour suivre ses pérégrinations durant un petit peu plus d’une heure et demie.

Le site Allociné propose le synopsis suivant : « Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaire fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte New-York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa sœur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie. »

Une nouvelle fois, Woody Allen inscrit son histoire dans un milieu riche. En effet, son héroïne, Jasmine, est une femme délaissée par son mari plein aux as. Je vous avoue que ce type de personnage n’est pas celui qui m’attire le plus. En effet, j’ai toujours eu du mal à ressentir de l’empathie pour la douleur de ses femmes délaissées. Je ne dis pas que leur souffrance n’est pas réelle mais je n’y suis absolument pas sensible. Peut-être que le fait de voir ce personnage interprété par Cate Blanchett allait me faire changer mes habitudes.

Dans beaucoup de ses opus, le réalisateur fait vivre un casting dense qui en fait presque des films choraux. Ce n’est absolument pas le cas avec Blue Jasmine. La performance de l’actrice principale éclipse tous les autres protagonistes. Il ne faut pas y voir un reproche quant à l’interprétation des autres acteurs. Par contre, je regrette la faible écriture des personnages secondaires. Ils n’existent pas et n’amènent rien à la trame. Woody essaie de compenser cette faiblesse par de longs dialogues verbeux qui surchargent la narration. Le film est très bavard. Le réalisateur se passionne pour l’écriture des dialogues. Il en surcharge son intrigue. Résultat, j’ai parfois eu le sentiment de lire un livre plutôt que de voir un film. C’est quand même un problème quand je me rends au cinéma.

Le scénario nous offre un grand défilé de cliché. Jasmine est une divorcée dépressive comme le cinéma en génère des dizaines par an. Sa sœur et son fiancé sont une caricature du couple prolétaire vu par Allen. L’ex-mari de Jasmine est cruellement prévisible. Il en est ainsi pour chaque personne croisée au cours de la durée du film. Les acteurs s’en sortent bien pour essayer de rendre tout cela moins ennuyeux. Mais ce n’est pas évident. En effet, à aucun moment le film ne démarre. D’ailleurs aucun personnage n’évolue entre le début et la fin. Je veux bien que certains m’expliquent que c’est le message voulu par le réalisateur. Le bilan que j’en fais est que les personnages sont sans épaisseur, il ne leur arrive pas grand-chose et ils n’évoluent pas du tout entre le générique du début et celui de la fin. Permettez-moi donc d’être très mitigé en sortant de la salle.

Au final, vous l’aurez compris, je suis sorti déçu de la salle. Je n’ai pas été sensible à ce film, son univers et son message. A l’opposé, ma conjointe a trouvé cet opus divertissant et a passé une très agréable soirée. Je conclurai donc en conseillant aux curieux d’aller le voir afin de se faire leur propre idée. Je serai toujours curieux de lire leur point de vue à la sortie de leur séance…
Eric17
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le 2 nov. 2013

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