Blue Jasmine par Remy Pignatiello
Globalement assez déçu compte tenu des retours que j'avais lu.
Commençons par l'évidence : c'est des lieues au dessus des derniers Allen, en gros depuis Match Point. Dès les 1ers instants, c'est évident.
Pour autant, le film conserve tout du long une sorte de décalage, comme s'il ne savait pas s'il fallait s'ancrer profondément dans le contemporain ou opter pour quelque chose de plus intemporel.
En subsiste des 2nds couteaux prolétaires semblant sortir des pires clichés des années 30, en particulier Chili, "grease monkey" en marcel, impulsif mais sentimental, démontant un appartement avant de venir faire une scène digne de la pire bluette dans le supermarché où travaille sa douce et tendre.
Il y a Alec Baldwin, dont on se demande s'il joue son personnage au 1er ou au 2nd degré, complètement dans sa bulle, comme intouchable.
Et puis, il y a Cate Blanchett, à la fois triste et insupportable, qui donne régulièrement envie de l'achever à coups de pelle. Comme le dit son personnage : il n'y a qu'une certaine quantité de traumas qu'on peut subir avant d'avoir envie d'aller hurler dans la rue.
Reste que le film, assez court, se suit assez bien, mais possède régulièrement un côté comme maladroit, surchargé à ras bord d'une hystérique de 1ere qui donne parfois envie d'aller se pendre pour en finir, et envers qui on a du mal à ressentir une quelconque empathie. Du coup, on finit le film légèrement indifférent à son sort, voir pire : avec la sensation d'une certaine justice sur Terre.
Et c'est là la grande différence avec Match Point : au cynisme qui le concluait dans une pirouette finale, Blue Jasmine semble porter au contraire les stigmates d'une morale sous-jacente où le mensonge ne paie jamais, et où les gens simples finissent heureux, et les nantis malheureux. Un peu simpliste, non ?