Poursuivant son marathon annuel épuisant et sa tournée européenne, de Londres à Paris, en passant par un choral à Rome, Woody Allen rentre enfin au bercail.

S'il n'est certes pas à NYC, SA ville, l'ami Woody retrouve l'accent américain et ses mentalités, ses histoires et ses paysages, de l'autre côté du pays. La Californie. Tout en se permettant d'y délocaliser un bout de New York. Bien entendu. Une fois n'est pas coutume.

Reprenant l'écriture et la direction de l'oeuvre, Allen ne tergiverse pas et fait encore moins dans l'éclectisme.
Vous l'avez deviné. Encore une histoire d'amour, de trahison, d'argent et d'opposition des classes sociales.
On ne change pas une équipe qui gagne.
Si ce n'est le casting. Là où le melon Allen reste bien caché derrière la caméra, il en profite pour offrir l'affiche à Cate Blanchett, une première dans l'aventure du cinéaste.

Ainsi, Allen va dépeindre la chute d'une femme new yorkaise, personnification de la luxure, la vanité, et de l'orgueil. Et ce en opposition à l'apogée, la libération et l'ascension sentimentale de sa soeur, qui n'est rien d'autre qu'une caissière, ex femme d'un déménageur et copine d'un pauvre garagiste.

Tentant d'entraîner dans sa chute sa soeur, Cate Blanchett traverse un vaste désert. Un atterrissage des plus secs. Pas de parachute doré à l'horizon, le retour à la réalité n'en est que plus dur et brut.
Et lorsque sa soeur adoptive, "looser", semble pourtant tenir la barre, le monde s'effondre.
Forcée de s'y adapter, la métamorphose ne prend pas et confrontée à des situations pourtant banales, Cate Blanchett choisie de s'enfoncer dans le mensonge et la dépression.
Et tout cela est illustrée de manière on ne peut plus efficiente par un montage de qualité. Mettant en parallèle le nouveau monde de Blanchett et son ancien pr flashbacks, la déchéance sociale et psychologique est mise en exergue, au point d'en rire. Tout simplement. Si ce n'est, pour certains, d'éprouver de la compassion.

Et continuant de contempler son désastre, cette femme ne trouve rien d'autre à faire que de tenter de briller une nouvelle fois. Polir le miroir de son ancienne vie. Se racheter une étiquette pour mieux justifier son prix, et son inaccessibilité et sa classe sociale "supérieure".
Seulement, pour comprendre le présent, il est impératif de connaître le passé. Et mademoiselle l'ignore.
Alors forcemment, dans une grande ville, on est jamais à l'abri d'une quelconque connaissance...Tout repart à zéro.

Une nouvelle chute. Un nouveau désastre. Et toujours pas de parachute. Et encore moins sa soeur...

Woody Allen signe donc là l'un de ses meilleurs films du XXIe siècle, mêlant humour noir à dose agréable et relents dramatique. On n'en attendait pas mieux.
alain75
8
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le 2 oct. 2013

Critique lue 286 fois

alain75

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