Avec ce portrait de femme de la haute qui dégringole dans l’Amérique d’en-bas après que les escroqueries de son mari, un homme d’affaires à la Madoff, ont été mises au jour, c’est un film de crise que livre Allen. De crise financière, lorsqu’il amène une Jasmine fauchée à renouer avec sa demi-sœur, caissière au grand cœur mais dans la dèche. De crise de nerfs, aussi, quand son héroïne passe du rire aux larmes et semble présenter les symptômes de troubles maniaco-dépressifs.
Impossible de parler de Blue Jasmine sans couvrir Cate Blanchett d’éloges. L’actrice trouve ici sans doute l’un de ses tout meilleurs rôles. Elle parvient à flirter constamment avec le ridicule sans jamais tomber à pieds joints dedans et réussit à passer de la joie au désespoir et à la folie douce au cours de la même scène sans que cela sonne faux. C’est elle qui confère au film sa dimension la plus mémorable, et fait qu’il s’agit sans doute de l’œuvre la plus réussie de son auteur depuis Match Point. Face à elle, Sally Hawkins se montre à la hauteur dans le rôle de Ginger, la demi-sœur de Jasmine dont elle est l’exact opposé : généreuse, dévouée, magnanime, mais aussi plutôt vulgaire… Un personnage secondaire très touchant que Woody Allen traite avec autant de bienveillance – et, il faut bien le reconnaître, un brin de condescendance – qu’il chahute son personnage principal.

Par Fabien Randamme pour Cinematraque
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le 26 août 2013

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