On reproche beaucoup à Woody Allen depuis 15 ou 20 ans (à la louche) de céder à la facilité en tournant ses films dans de jolis endroits, avec de beaux acteurs, etc. Finalement, de ne pas être un indépendant radical, à contre courant de sa culture et de son époque, qui montre en pleine lumière la chair froide des cadavres comme une sorte de Caravage du cinéma américain... C'est oublier que son public n'est pas celui des prélats ; des aristocrates sadomasochistes à la rigueur, car il est loin d'être aussi superficiel qu'on voudrait le faire croire en le jugeant aux apparences.


Qu'est-ce donc en effet, que le cinéma de Woody Allen dans Match Point ou ce Blue Jasmine, sinon une exploration du cynisme, qui fait tourner ce monde à l'envers ?


Voici donc le rapport à la gent masculine de deux soeurs adoptées, dont l'une a suivi le chemin tracé pour elle (semble-t-il) en embrassant une vie "médiocre", se remettant avec l'homme qu'elle a plaqué (un peu forcée quand même, car elle l'aurait bien trompé en douce, pour le garder sous le coude au cas où) après s'être fait plaquer elle-même, pour ne pas être seule, tandis que l'autre a choisi de coucher pour "réussir", avec un homme qui a lui "réussi" pour coucher ; un échange de bons procédés en somme, du moins tant qu'il la trompe discrètement, pour sauver les apparences ; surtout s'il n'a pas vraiment "réussi"...


Certes ce n'est pas le film le plus intense de son auteur (Match Point l'est bien plus), ni le plus drôle, mais il reste à un niveau fort honorable, en vertu du principe selon lequel les grands artistes, s'il ne sont pas toujours géniaux, ont au moins le mérite de n'être jamais médiocres.


On pourra tout de même reprocher à ce Blue Jasmine d'utiliser le prétexte des crises hallucinatoires de son personnage principal pour se donner du rythme avec des flashbacks, le procédé étant un peu facile, pour le coup.

lonevulve
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le 14 sept. 2020

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