Également appelé Eye for an Eye ou encore Defiant, avec un titre chinois qui signifie « No One in Sight » (Personne en vue), Blind Sword fait partie de ces DTV à la bonne réputation. Cette première réalisation du scénariste de Mutant Tiger, Destruction of Opium at Humen ou encore Fight Against Evil écope d’une moyenne de 8.1/10 sur MyDramaList, 71% sur MovieDB, 7.1/10 sur le plus gros site chinois sur le cinéma Douban, et même d’un 6.8/10 sur IMDB. Cela pourra paraitre pas si énorme, mais pour un DTV chinois, ce sont de très bonnes notes. Blind Sword a également rencontré un franc succès sur la plateforme de SVOD chinoise où il est sorti originellement (depuis, le film est sur iQiYi sous le titre Eye for an Eye), devenant le 2ème plus gros succès de l’année 2022 sur cette plateforme. Même sur les réseaux sociaux, ceux qui ont tenté l’aventure en sont sortis enchantés. Avec moi, ça fait une personne de plus conquise et le film fait pour moi partie des tous meilleurs films de sabre que la SVOD chinoise nous ait proposé (mais je suis loin d’avoir tout vu).


Les américains ont déjà adapté le personnage de Zatoichi au cinéma avec Blind Fury en 1989. L’Italie en a fait de même avec le western spaghetti Blindman, le Justicier Aveugle en 1971. On peut même dire que la Corée a également fait sa propre adaptation avec The Swordsman (2020) et son épéiste qui devient aveugle. Il n’y avait pas de raison que la Chine n’en fasse pas de même, surtout qu’on sait que beaucoup de DTV bouffent à tous les râteliers. Il va donc être question ici d’un vagabond aveugle, maitre au maniement de l’épée, qui capture des bandits dont la tête est mise à prix pour toucher la récompense. Un jour, il tombe sur une jeune fille qui subit une injustice à cause d’agents de l’état corrompus. Il va l’aider à faire éclater la vérité et, si ce n’est pas possible, à se venger. Le réalisateur Yang Bing-Jia prend son temps. Il pose son ambiance, sait mettre en boite des scènes intimistes sans qu’elles ne deviennent un frein au déroulement du scénario, s’attarde sur ses personnages, là où parfois certains DTV se disent que leur scénario doit aller vite, très vite, à cause de la courte durée du film. Certes, le scénario de Blind Sword n’est pas très évolué, il s’agit d’une quête de vengeance détournée. Mais c’est efficace, très bien géré et très prenant. En 74 minutes génériques compris, avec en guise d’introduction quelques lignes de texte qui posent le contexte histoire de ne pas perdre de temps, Yang Bing-Jia nous pond un film solide, cohérent, où tout le superflu a été retiré pour aller à l’essentiel. Il va être question ici d’honneur, de chevalerie, dans une bobine qui sent parfois bon le western spaghetti, par certains plans, par certaines musiques, en plus de reprendre le principe du sabreur aveugle popularisé par la série de films (et la série) japonais Zatoichi. Le ton y est sombre et désespéré. Meurtres, viol, torture, et aucun humour à l’horizon pour un résultat qui nous accroche immédiatement.


Le casting est très intéressant, à commencer par un Miu Tse (Mutant Tiger, Destruction of Opium at Humen) toujours très bon, qui fait partie de ces acteurs chinois qui ressortent du lot, aussi bien pour ses capacités martiales que pour son charisme. De manière générale, les acteurs(trices) sont bien choisi(e)s. Ils interprètent parfaitement bien leurs personnages et ces derniers sont immédiatement reconnaissables. Et surtout, en l’espace de quelques secondes, ils sont instantanément caractérisés. Certes, ils ne sont pas toujours très approfondis, mais pour le scénario du film, c’est largement suffisant. Visuellement, Blind Sword est réussi. Jolis décors, jolis costumes, jolis éclairages. Même si, comme pour tous ces DTV chinois, le budget n’a pas dû être mirobolant, le réalisateur s’en sert très bien et le rendu à l’écran est propre et léché. Mais ici, point de fioriture, point d’effet visuel gratuit, on est dans quelque chose de simple, de brut, d’efficace. Ce visuel fait honneur aux très bonnes scènes d’action du film, aux chorégraphies soignées et même parfois inventives. Mais surtout une mise en scène qui les met en valeur car le réalisateur et le directeur de l’action semblent avoir mis un point d’honneur à ce que l’ensemble soit lisible tout en restant impressionnant. Et c’est le cas. Entendez par là que le montage n’est pas trop cut comme on le voit souvent dans les wu xia pian actuels. Le dynamisme oui, mais pas au détriment de la lisibilité. Ces scènes sont souvent violentes et brutales (giclées de sang, os brisés, décapitation, …) dans un style toujours réaliste (pas de personnages qui sautent voire volent dans tous les sens comme dans le récent Sakra). Le combat de fin est assez impressionnant, bien jouissif, avec notre sabreur aveugle qui dans un premier temps va affronter une 30aine de sbires, enchainer sur un combat un contre un, et finir contre le grand méchant. Un excellent final qui clôt de bien belle manière ce qui s’avère effectivement être un des meilleurs films de sabre de la jungle des DTV chinois.


Version chinoise de Zatoichi à la sauce DTV, Blind Sword est un très bon film de sabre qui fait preuve d’une très belle efficacité. Avec ses 1h14 au compteur, il s’avale d’un trait et propose un divertissement de très belle tenue.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-blind-sword-de-yang-bing-jia-2022/

cherycok
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le 29 mai 2023

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