La vie sans la vue
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le 1 mai 2015
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C'est un film sur la perception. Physique ou mentale, elle nourrit Blind de ses hésitations, ses incohérences et ses quêtes.
La névrose d'Ingrid occupe tout le film, pervertissant ses pensées et son rapport aux autres. On imagine que sa récente cécité est la cause de son mal-être, mais rien n'est sûr. En son regard d'abord, comme une absence au monde, le spectateur perd ses repères avant de trouver un sens au récit fragmenté qu'on lui propose.
Le monde réel n'est plus qu'un décor à la merci de l'imaginaire, un café, un autobus, un salon vide puis meublé, un restaurant familier. La névrose envahit tout, fabrique des mondes pour les détruire, s'imagine des choses, se fait du mal.
La mise en scène clinique et silencieuse, la cécité venant ici atténuer les bruits, l'économie des dialogues, la voix-off trouvant alors un sens, tant dramatique que narratif, construisent un film anxiogène et désincarné à l'ambiance malaisante, presque cauchemardesque.
Eskil Vogt (par ailleurs scénariste de Joachim Trier), propose, dans la lignée de Skolimowski, Losey ou Resnais, un cinéma mental (et européen) à la réalité mouvante. Si Blind est sans doute un peu trop corseté, il n'en demeure pas moins parfaitement maîtrisé. Pour un premier long métrage, c'est assez rare pour être souligné.
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Créée
le 3 nov. 2015
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