(Cette critique fut intialement associé à la version de 1982. Je l'ai transféré pour cette version Final Cut, véritable objet de ma critique)


Ouverture sur un Los Angeles futuriste mais aujourd’hui obsolète.
Blade Runner avait tout pour s’apparenter à de la science-fiction de pur divertissement, du moins, c’est bien ce qu’espéraient à l’époque les producteurs du film, quand l’idée d’un Blade Runner évoquait encore la perspective des grands succès publics d’un Spielberg ou d’un Lucas.


Si en 1982 le genre a déjà vu l’avènement du space-opéra et autres succès commerciaux comme Star Wars ou E.T, Ridley Scott lui, fort de son propre succès avec Alien, aboutira à l’échec commercial qui deviendra l’une de plus grandes références plastiques du cinéma moderne.


L’intrigue, commençant aussi simplement qu’elle se termine, ne tient pas un rôle central. Ce n’est pas la simplicité de la quête de Deckard, « retirer » des Réplicants, esclaves modernes crées par la maîtrise technologique de l’homme, qui détermine la perspective d’une telle œuvre.
A la croisée du polar et du cinéma d’anticipation, Scott ne réalisa pas une simple adaptation de Philip K. Dick. Blade Runner n’appartient pas au registre basique de l’adaptation cinématographique; c’est l’œuvre d’une transposition romanesque vers une forme plastique et esthétique.


Avec ce film c’est l’avènement d’un genre et d’un visuel qui envahit l’espace filmique : le Cyberpunk, ou la mise en peinture du portrait sinistre d’un monde futuriste. Ici, l’érection d’un Los Angeles dystopique, incarnant le symbole d’un futur comme perspective pour l’Homme : celle d’une déshumanisation massive ; soumis à un matérialisme techniciste et discriminatoire.
Si Sergio Leone disait d’Ennio Morricone qu’il était son scénariste, sans contestation possible la bande originale de Vangelis, composée d’un mélange de mélodies sombres, de musique classique et de sons futuristes au synthétiseur reflètent l'ambiance et la narration instaurées par la noirceur visuelle du réalisateur.


Plus grand aboutissement de la carrière de Ridley Scott, cette rencontre d’un esthétisme visuel, d’une trame sonore unique avec pour toile de fond l’humanité comme axe réflectif aboutit à l’un des films les plus singuliers de l’histoire du cinéma. Le spectacle visuel et novateur d’une histoire mélancolique et pessimiste : quand la machine, par sa quête brutale mais vitale d’humanité se fait plus humain que l’homme, jusqu’à s’en demander si l’homme est bel et bien humain…

Wirn
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le 14 déc. 2020

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Wirn

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