En 1982, Ridley Scott bousculait le cinéma en sortant Blade Runner. Trois ans seulement après l’indispensable Alien, le réalisateur adaptait Philip K. Dick et confiait le rôle principal à Harrison Ford, alors en pleine hype grâce à l’Empire Contre Attaque. L’influence du film sur le cinéma contemporain a été considérable. De Brazil à Inception en passant par Dark City ou Terminator. Tous sont des héritiers de l’adaptation de l’histoire de Philip K. Dick.


Jusqu’à présent, pour prolonger l’ambiance du film, il fallait se tourner vers les jeux vidéo – notamment le jeu de 1997 par Westwood Studios qui offrait un scénario original au joueur. Il faut dire qu’envisager une suite était une tâche complexe, vu le matériel d’origine. Mais vingt-cinq ans après l’original, Denis Villeneuve s’en sort avec brio.


L’histoire se déroule trente ans après le premier volet. La Tyrell Corporation n’existe plus, et la technologie des Réplicants a été reprise par une autre multi-nationale qui a construit une nouvelle version, obéissante cette fois. K est l’un d’eux. C’est aussi un Blade Runner chargé de traquer, comme Rick Deckard en son temps, les modèles considérés comme à éliminer par la société. Lors d’une “arrestation”, il va faire une découverte bouleversante autant pour lui que pour la société en général : une preuve qu’une Réplicante a eu un bébé. Et son enquête va l’amener progressivement jusqu’à Deckard.


Pour ce nouveau volet que produit Ridley Scott, Denis Villeneuve a fait appel au directeur de la photo Roger Deakins avec qui il avait déjà travaillé sur Sicario et préfère (malheureusement) Hans Zimmer et sa clique à Vangelis pour livrer un film d’une beauté à couper le souffle. Villeneuve ne cherche jamais à singer Scott et son Blade Runner diffère visuellement de l’original tout en en gardant certains aspects. Les couleurs sont belles, chaque caméra est posée au millimètre près pour livrer des cadres parfaits. On voit que le réalisateur est bien conscient de ce à quoi il touche et qu’il doit donc produire le meilleur pour tenir la comparaison. “2049” ressemble donc à son original mais pas trop et c’est ce qui en fait sa force. Vous verrez donc des publicités (omniprésentes) en néon, des scènes sous la pluie et des références à la culture asiatique mais pas seulement, comme à travers la rencontre avec Harrison Ford dans un Las Vegas couvert par le sable, aux couleurs particulièrement chaudes et qui laisse entrevoir ce que le réalisateur pourrait proposer sur le prochain Dune.


Il faut aussi citer Ana de Armas. Et toutes les scènes où elle apparait. La flamboyante comédienne cubaine vue auparavant dans Knock Knock est la révélation d’un film qui évoque l’humanité des machines. Elle n’est pas une Réplicante, elle incarne une intelligence artificielle immatérielle qui apparait dans l’appartement de Ryan Gosling grâce à un système de projections. Et explose à l’écran notamment grâce au travail de Villeneuve qui signe des scènes éblouissantes où elle vient se mêler, fusionner avec le héros de l’histoire.
Coté acteur d’ailleurs, si on ne peut que saluer la prestation d’un Harrison Ford inspiré, le choix de Ryan Gosling est plus compliqué. Dans tous ses rôles sérieux, le comédien a bien du mal à montrer une vraie palette d’émotions, se contentant de refaire ad vitam le personnage de Drive. Ici, même s’il est censé jouer un personnage dénué d’émotions et obéissant, on aurait aimé quelqu’un de plus expressif.


Il manque néanmoins un petit quelque chose à Blade Runner 2049 pour être un film incroyable. Ce n’est pas un problème de longueur, les trois petites heures du récit passant sans difficultés ni l’aspect parfois contemplatif de la chose. Alors peut-être est-ce son histoire qui, sous le vernis, est finalement assez classique au point qu’elle rappelle -notamment à cause d’Harrison Ford- Le Réveil de la Force pour sa thématique sur la famille ? Peut-être est-ce plus simplement le fait que l’effet de surprise du premier volet ne soit plus présent ? Il n’en reste pas moins que 2049 est une belle réussite, qui ne marquera pas autant les esprits que son prédécesseur mais qui mérite néanmoins toute votre attention.

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le 9 oct. 2017

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