Dix ans après Sinister le réalisateur Scott Derrickson retrouve Ethan Hawke et Jason Blum pour de nouvelles sinistres aventures chapeautées cette fois ci autour de la plume du King's Jr, Joe Hill. Bien qu'un peu trop vendu comme un film horrifique Black Phone s'inscrit finalement bien plus dans le genre du thriller surnaturel et dramatique que dans celui de l'horreur de train fantôme à laquelle nous a habituée le studio.


Retour vers la fin des années 70 dans un petit bled des USA. C'est là que vit Finney un garçon de 13 ans entre harcèlement scolaire, pote de classe et vie de famille autour d'un père alcoolique et d'une sœur aimante. La région est frappèe par de nombreuses disparitions d'enfants dont Finney finira par être victime lui même. Seul et séquestré au fond d'une cave insonorisée, le jeune garçon reçoit sur un vieux téléphone noir les appels précieux d'anciennes victime lui donnant des indices pour s'enfuir. Dans le même temps la jeune sœur de Finney tente d'aider la police à l'aide de ses rêves prémonitoires … La course contre la montre pour sauver le gamin est engagée.


Un peu lassé par la mécanique Blumhouse, pas vraiment convaincu par le travail de Scott Derrickson hormis peut être pour le premier Sinister et peu emballé par les précédentes adaptations des écrits de de Joe Hill ( Horns - Dans les Hautes Herbes) je ne partais pas forcément avec un a priori très positif concernant Black Phone. En revanche j'étais très attiré par cette ambiance rurale de l'Amérique des années 70 et par ce monde de l'enfance confronté aux spectres de la violence et des fantômes des grandes figures des tueurs américains tels que Gacy et Bundy. Au bout du compte je reste finalement très mitigé sur le film qui entre finesse et lourdeurs, intensité dramatique et futilité scénaristique ne trouve jamais à mon sens la pleine puissance de son potentiel. J'aime beaucoup la manière dont le film vient tordre le coup dans son écriture à certains clichés un peu trop évident comme le vrai dur du collège qui s'avère être une sorte de redresseur de torts et de justicier des plus faibles plutôt que la figure habituelle de la grosse brute qui harcèle les autres. J'aime beaucoup également l'écriture du personnage de Gwen la jeune sœur de Finnley à la fois jeune fille forte et fragile, capable de jurer en insultant les policiers, de se lancer dans la baston pour aider son frère comme de fondre face à la violence de son père et douter face à sa propre foie. La jeune comédienne Madeleine Mc Graw est formidable est elle est pour moi incontestablement le point fort du film. Même si j'ai la sensation d'avoir déjà vu ça mille fois et parfois en bien mieux, l'ambiance sombre et violente de cette petite ville dépressive confrontée aux disparitions mystérieuses de ses enfants est plutôt bien rendue à l'écran. En revanche j'ai bien plus de mal avec l'écriture assez lourde de certains personnages comme le père alcoolique, pleurnichard et violent interprété par Jérémie Davis et ce duo de flics bateau et ultra cliché. Je ne suis pas non plus totalement emballé par la figure du mal incarné par Ethan Hawke que je trouve finalement bien trop lisse et artificielle dans ses poses et sa gestuelle. Certains personnages juste là pour brouiller les piste s’avèrent même au final être totalement inutiles


Quant à la structure globale du film même si elle offre quelques jolis moments de tension et de suspens je l'ai trouvé bien trop mécanique et répétitive. Le côté un peu escape game avec un coup de fil, un indice à décrypter, une tentative d'évasion le tout pimenter d'un petit jump scare marque de fabrique de Blumhouse finira même par me lasser assez vite. Alors bien sûr il faudra attendre la toute fin pour que toutes les pièces à priori disparates du puzzle s'imbriquent parfaitement dans la mécanique d'un immense piège machiavélique mais au combien artificiel. Moi qui espérais un climax horrifique et dramatique, j'ai eu la sensation de me retrouver devant Bip-Bip et Will Coyotte. Une facilité d'écriture que j'aurai tendance à retrouver jusque dans la mise en scène de Derrickson qui recycle pour illustrer les rêves et cauchemar de Gwen le grain d'image et le style des films amateurs de Sinister.


Black Phone est une déception d'autant plus grande que je n'attendais finalement pas grand chose du nouveau film de Scott Derrickson. J'ai tout de même la sensation qu'avec les ingrédients en place il y-avait matière à faire un film bien plus sombre, percutant et bouleversant.

freddyK
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le 22 juil. 2022

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Freddy K

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