Une étonnante découverte que fut ce thriller d'épouvante horreur qui, de par ses indéniables qualités, à su faire la différence sur les derniers films du même genre.

L'histoire originale, un livre écrit par Joe Hill, fait honneur au style de prédilection, ceux des grands récits conçus et fabriqués par le fils de ce dernier, l'unique Stephen King.

L'enquête policière que l'on suit très clairement dans cet haletant "Black Phone" est un fil conducteur réaliste qui permet aux spectateurs de se mettre à la place des habitants qui subissent indirectement le poids des disparitions infantiles, vécue par Finney Shaw (Mason Thames), le protagoniste principal. Les variations de point de vue en termes de plans de caméra, passant de l'espace clos de l'adolescent séquestré au libre environnement extérieur, se rejoignent pas la tension palpable ressentie par les habitants d'une petite ville du Colorado autant que par les spectateurs que nous sommes.

Un stress en partie généré par criminel nommé "L'attrapeur" qui s'éprend à enlever des enfants isolés dans une rue pour les enfermer dans une cave, les changeant en victime d'un jeu sadique et pervers conçu par les fantasmes morbides de l'assaillant dérangé.

La mise en scène est efficace et celle-ci se trouve magnifiée par une création musicale on ne peut plus angoissante, orchestrée par Mark Korven à qui l'on doit la musique de The Lighthouse.

Crédible est la reconstitution d'une Amérique post Viet-Nam qui nous a facilement plongés dans cette ancienne époque. La même où nombre d'américains furent malheureusement frappés par une crise économique notoire.

Acteurs efficaces, petite mention tout de même pour le légendaire Ethan Hawke qui, avec son incontestable talent et le calibre de son rôle, a réussi à me glacer le sang.

Cette œuvre cinématographique était d'une qualité suffisante pour qu'elle donne envie de s'attarder sur le bouquin initial.

SPOIL

Deux aspects du métrage me chiffonne cependant. La première étant le raccourci scénaristique qui consistait à faire entretenir un lien entre les cinq victimes de l'attrapeur et notre personnage central, dernière proie du tueur. Sa communication d'outre-tombe (source d'une divine habilitée) est une superbe idée en soi mais le fait de donner au séquestré des consignes pour réussir son évasion par le biais du fameux téléphone noire ? Non. La solution est beaucoup trop simpliste même si la réalisation de chaque action demande un certain courage. De même que Gwen Shaw (Madeleine McGraw), la soeur du prisonnier à elle aussi un don particulier, celui de faire des rêves divinatoires pouvant influencer la vie réelle. L'explication de ses facultés ? La mère des deux gamins qui manifestait des dispositions surnaturelles plus ou moins similaires à celles tout justes décrites. Si Finney a le pouvoir de parler aux défunts infantiles depuis la cave qui le tient enfermé, pourquoi ne peut-il pas entrer en contact avec sa propre mère ?

La deuxième c'est la fin du long-métrage, tellement fade par rapport à ce que l'on nous a servi avant cela. Le rescapé n'ayant subi aucun traumatisme, revient à l'école en mode beau gosse, confiant. Et la première chose qu'il dit à la jeune fille avec qui il était en binôme dans un cours c'est "Appel moi Finn !" Certes c'est une prouesse que d'échapper à un meurtrier psychopathe mais l'écolier revient en cours comme s'il faisait un retour de vacances, bien trop décontracté par rapport à ce qu'il lui est arrivé. Ce n'est pas une réaction naturelle lorsque l'on a (à son âge !) été psychologiquement torturé, corporellement affaibli et lorsque l'on a dû soi-même mettre fin à la vie d'un assassin récidiviste.

Pour conclure sur une note positive, les quelques références plus ou moins visibles à d'autres oeuvres "Ça", "Massacre à la tronçonneuse" ou encore "Sixième Sens", étaient bien placés et l'hommage à ses univers demeuraient suffisamment subtils pour ne pas sombrer dans le too much.

Tarek437
7
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le 15 juil. 2022

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