Je suis ? Je suis ? Euh... Bagheera ?

Le Marvel Cinematic Universe s'est empli d'une sacrée flopée de films depuis si peu d'années. Avec un rythme de deux ou trois sorties par an, la franchise ne fait pas dans la dentelle et parvient toujours à rassembler autant de monde. Malgré tout et depuis un certain temps, ce ne sont pourtant pas des foudres de guerre qui font part de leur superbe en salles obscures. Autant même le dire, à part Les Gardiens de la Galaxie et et le clan des X-Men, il réside dans cet univers un aspect de plus en plus anecdotique. À trop donner, on finit même par se lasser un peu, d'autant qu'il devient de plus en plus difficile de les distinguer entre eux, d'un point de vue artistique, tant ils se ressemblent tous. A l'image de Thor : Ragnarok, même en adaptant les plus grands récits, on ressort avec ce même sentiment d'indifférence tant ils sont oubliables.


Avec Black Panther, il semblerait qu'un nouveau souffle viennent revigorer la franchise. Au même titre que Wonder Woman de l'autre côté, avec une équipe presque 100 % féminine, Black Panther, lui, le fait avec une real black team (c'est pour éviter la répétition). Sur ce point, nul doute que le film fera date. Il est vrai que l'effervescence autour de Black Panther ne se fait finalement sentir que grâce à son aspect actuel et symbolique, à l'image d'un nouveau pas effectué par la culture noire dans la société. Mais là où une question se pose, d'un point de vue purement qualitatif, c'est autour de son impact sur un monstre comme Marvel. En d'autres termes, est-ce que Black Panther, de par son contenu, se distingue nettement de ses nombreux pairs ?


D'un premier abord, l'introduction d'un personnage encore jamais porté à l'écran au beau milieu d'un big crossover n'aide forcément à se familiariser avec son univers. Même s'il est relativement agréable quoi qu’anecdotique dans Civil War, on peine à resituer les fondements du personnage dans un film qui lui est intégralement dédié et ce ne sont pas son univers ou sa psychologie qui aideront à créer des liens de familiarité. En effet, si le rendu visuel est plutôt réussi, il peine pourtant à prouver sa consistance. La ville est belle et imposante mais il n'est question que de ses fonctionnements/dysfonctionnements monarchiques. Pire, le contexte général offre bon nombre d'éléments tout à fait incohérents entre eux. On passe d'un duel de gladiateurs à l'ancienne à la démonstration de gadgets ultra sophistiqués, de rites traditionnels à une pseudo cité futuriste (sous-exploitée ceci dit), le tout accompagné d'une bande originale mélangeant percus et choeurs africains avec des gros beats de rap US...


Le sentiment de familiarité peine donc à se faire sentir. Mais le remède idéal à cela, c'est de se recentrer sur le personnage principal. Pas de chance, ceux qui se plaignaient d'un Captain America beaucoup trop lisse ne trouveront pas mieux ici, la cause étant que le personnage de Black Panther souffre malheureusement d'un manque de profondeur flagrant. Si Chadwick Boseman peine à camper le super-héros, c'est peut-être parce que ce dernier n'a tout simplement pas la largeur d'épaules adéquate pour un film solo. Heureusement qu'il y a toute cette symbolique culturelle autour de lui pour lui sauver la mise ! Pour le reste, hélas, c'est toujours la même recette. L'archétype de l'amoureuse distante, la sœur en comique-cabotinage, le méchant aux origines de gentil et le guest-star Freeman pour la bravoure secondaire.


Pour répondre à la question posée un peu plus haut, Black Panther se distingue peut-être de ses pairs de par toute la symbolique culturelle qu'il fait ressortir. Mais d'un point de vue qualitatif, le niveau n'a malheureusement pas haussé d'un iota. Un fois de plus, il ne ressort de cet énième Marvel que du déjà-vu : un cahier des charges formaté à souhait, une architecture scénaristique rabâchée au possible et, encore pire, un héros manquant cruellement de charisme. C'en est même à se demander si à s'échouer à ce point dans la caricature, Marvel parvient à se saisir de la question raciale. Et pour accentuer encore cette sensation de pas terrible, il suffit d'évoquer cette toute dernière scène, pour le côté iconique : "Je suis..." 'générique' ! Eh bien, à moins d'avoir parfaitement suivi, on n'a pas eu la réponse, il me semble.

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le 16 févr. 2018

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langpier

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