"Sayin' goodbye, sayin' goodbye to Hollywood
Sayin' goodbye, sayin' goodbye to Hollywood
Sayin' goodbye, sayin' goodbye to Hollywood
Sayin' goodbye, sayin' goodbye to Hollywood
Hollywood, why do I feel this way?"
Adapter, interpréter et monter sa propre pièce à Broadway : l'ultime fantasme d'un acteur malaxé par la grande broyeuse hollywoodienne et recraché comme un vulgaire cure-dent après avoir décliné l'offre d'une quatrième aventure Birdman. Depuis, le malheureux navigue à vue bon gré mal gré dans le brouillard de sa gloire d'antan, la chiquenaude de la maison mère lui renvoyant sans cesse le spectacle honteux de sa propre déchéance. Les planches de New-York plutôt que le fond vert de L.A. donc, comme pour conjurer le mauvais sort et se racheter une crédibilité. Aux yeux du public, de la critique et du milieu évidemment, à ceux énormes et tout bleus de sa fille si possible, mais surtout aux siens.
"I don't wanna quit, but shit, I feel like this is it
For me to have this much appeal like this is sick
This is not a game, this fame, in real life this is sick"
Car s'il a vendu son âme au diable voilà vingt-cinq ans, celui qui interprétait Birdman (littéralement l'homme-oiseau, je suis bilingue) et qui tel Icare s'était brûlé les ailes pour s'être approché trop prêt du feu des projecteurs, veut encore y croire et épouser enfin son rêve de légèreté, de simplicité et de grandeur : exister et voler. Pour cela croit-il, il suffit de tuer le "man" de birdman et de garder et devenir le "bird". De sauter de la fenêtre de sa chambre d'hôpital pour s'écraser dix mètres plus bas et puis, tel le phœnix, renaitre de ses cendres et s'envoler. Très haut, ailleurs, loin au-dessus des hommes, de sa petitesse, et du tumulte ambiant. Car la réalité du succès est édifiant et terrifiant à la fois. Et Riggan, sur le rebord de sa fenêtre, au seuil de sa mort, l'a bien compris : vivre d'air pur et d'eau fraiche, d'un peu de chasse et de pêche est un luxe qu'un acteur ne peut plus s'offrir aujourd'hui. Il ne mange plus de se pain-là. Son succès n'est plus mesuré à l'aune de son talent, des tripes qu'ils donnent tous les soirs de représentation ou de l'émotion qu'il partage avec à son public mais au nombre de vues de son derrière sur youtube ou à la dernière nouvelle de sa tentative de suicide ratée. "Comment les acteurs peuvent-ils tomber si bas" s'interrogera une journaliste à la télévision, inconsciente de son hypocrisie. Les acteurs se pâment, meurent, et les Avengers dansent sur leur cadavre encore tiède. Aussi ne demande pas pour qui sonne le glas, il sonne pour toi, il sonne pour lui, il sonne pour nous tous. A Hollywood comme à Broadway, les deux faces d'une même pièce, Janus veille aux portes du ciel et aux dollars qui s'y jouent : on y entre par la grande porte et on y sort, de gré ou de force, par le trou des chiottes.
"I sold my soul to the devil, i'll never get it back
I just wanna leave this game with level head intact"
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