L'orpheline sauvée par les eaux virtuelles

Attention ! Grand spectacle ! Mamoru Hosoda nous en met plein les mirettes avec une star de la chanson, plébiscitée dans l'univers virtuel de U (You). Par milliards les connectés se désinhibent grâce à l'avatar vivant à leur place sans les contraintes du réel. Les icônes hyperactives flottent en apesanteur, volent, cabriolent en atomes déboussolés. Bienvenue dans notre voie lactée où l'on dit n'importe quoi avec conviction ! Dans la galaxie de You, on s'éclate !


Malgré la folle pression musicale, les déluges d'applaudissements des avatars et une place de choix au Grand Rex (un chouette cinéma), je ne rentre jamais dans le film. Toutes ces crevettes narcissiques extasiées de musique, agitées de mouvements browniens dans un flux de couleurs violemment saturées me semblent vaines. Quel concentré de clichés ! Mélangez idées ineptes à volonté (succès mondial d'une chanteuse) et thèmes à la mode numérique (l'univers virtuel merveilleux rachète la banalité du monde réel)..., vous y êtes ! La faiblesse affligeante du scénario me gâche le spectacle.


L'héroïne à double faces est une version aseptisée de superman. Suzu, lycéenne banale, joue les passe murailles. A six ans, elle fut traumatisée par la noyade de sa mère et ne communique plus guère avec son père. Le récit est surchargé de signes en vue d'effets téléphonés : identification à l'orpheline, compassion, scolarité ennuyeuse et anonyme, difficultés avec les garçons... Mais grâce aux divinités de l'informatique, une copine métamorphose Suzu en Belle ! Belle, chanteuse iconique du monde virtuel de You. L'insignifiance des paroles des chansons vous désole-t-elle ? Soyez bon public ! Les kilomètres de messages électroniques qui inondent et saturent les écrans dès qu'elle chante ne vous suffisent pas ?


Quand une Bête intervient dans le show interplanétaire, poursuivie par des policiers déchaînés, une resucée de La Belle et la Bête redouble le tourbillon visuel. Comme l'histoire prenait l'eau, pourquoi pas ? Le film m'agace les gencives par ses grosses ficelles et son manque d'authenticité. Tout me semble fabriqué pour impressionner (idéologie spectaculaire du monde virtuel) et apitoyer (tire-larmes envers l'orpheline et le garçon battu par son père). Impressionner et apitoyer à bon marché, abuser des effets spectaculaires et des bons sentiments sont un pari risqué. Même si j'aime le père Noël et cette période de fêtes, j'espérais davantage de vérité et beaucoup moins de guimauve.

lionelbonhouvrier
5

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le 13 déc. 2021

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